| GEÔLE, subst. fém. Prison, cellule de prison. Registre de la geôle (Ac.). Mon regard fatigué contemple l'horizon Monotone, à travers les barreaux d'une geôle (Moréas, Cantil.,1886, p. 207).La porte de la geôle était munie d'un judas où chacun se haussa pour voir le prisonnier (Boylesve, Leçon d'amour,1902, p. 110).♦ P. ext. Endroit où l'on éprouve le sentiment d'être enfermé. Il défiait toute geôle et s'échappe [du collège] (Colette, Fin Chéri,1926, p. 36). − Au fig. Ce qui enferme, ce qui fait peser une sorte d'oppression. Quiconque sera simple, aimant, porté à la rêverie (...) fuira cette geôle du travail exclusif où vous voulez l'enfermer (Sand, Péché de M. Antoine,1842, p. 165).Ses balancements l'ont mieux préservé de la geôle du mariage qu'une volonté ferme (Arnoux, Double chance,1958, p. 21) : C'est sur le terrain de l'école qu'elle [l'Église] a lutté une fois de plus, d'une admirable souplesse hypocrite, allant jusqu'à se dire républicaine, usant des libres lois pour garder dans la geôle de ses dogmes les millions d'enfants que ces mêmes lois entendaient libérer.
Zola, Vérité,1902, p. 176. Prononc. et Orth. : [ʒo:l]. Ds Ac. dep. 1694. Sans accent de 1694 à 1762. Étymol. et Hist. 1101-06 agn. gaiole « prison » (Voyage de St Brendan [1419] ds Henry Chrestomathie, 14, 61); fin xiies. « cage » ici fig. en ma jaiole « en mon pouvoir » (Richeut, éd. I.C. Lecompte, 722). Du b. lat. caveola, dim. de cavea (cage*). Pour l'évolution phon. v. Fouché pp. 447, 449, 572, 906. Fréq. abs. littér. : 157. DÉR. Geôlage, subst. masc.,dr. anc. Droit en argent que chaque détenu devait au geôlier pour son gîte (cf. Bouillet 1859). Payer le geôlage (Ac. 1835, 1878). − [ʒola:ʒ]. Ds Ac. de 1694 à 1878; sans accent de 1694 à 1762. − 1reattest. 1306 dr. médiév. (doc. ds Gdf.); de geôle, suff. -age*; forme lat. gaiolagium « paiement pour l'entretien dans une prison » xives. ds Nierm. |