| * Dans l'article "GÉHENNE,, subst. fém." GÉHENNE, subst. fém. A. − Langue biblique (souvent avec majuscule). Enfer (représenté comme un feu éternel). Géhenne du feu; feu de la géhenne; être jeté, précipité dans la géhenne. Les élus entreront dans un séjour délicieux (...). Les autres iront dans la Géhenne (Renan, Vie Jésus,1863, pp. 285-286).Par la grand'porte ouverte, on croyait assister à quelque scène de géhenne, parmi les ricanements des démons (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 94) : Au paradis, le serpent a été l'instrument du diable. Le feu éternel n'a pas été fait pour nous, mais pour le diable et ses anges; pour nous, le royaume a été préparé. Mais le diable travaille à nous faire aller avec lui dans la géhenne.
Théol. cath.,t. 4, 1, 1920, p. 362. − Au plur., rare, p. méton. Sans attendre les géhennes de l'autre monde, Esterhazy lui fait et lui fera son châtiment ici-bas (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 445). − P. métaph. Quatre (...) baies se font face (...) soigneusement closes pour ne pas laisser entrer la géhenne enflammée du dehors (Gide, Retour Tchad,1928, p. 940). B. − P. ext., vx. Torture, supplice de la question pour arracher des aveux aux criminels. Monseigneur de Beauvais (...) la menaça, si elle ne confessait point toute la vérité, d'être mise à la géhenne. Les instruments étaient préparés (A. France, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 337). − P. méton. Lieu de torture. Ce n'est pas du cachot, du puits, de la géhenne (...). C'est de son propre cœur qu'on est le prisonnier (Hugo, Fin Satan,1885, p. 937). − Au fig., littér. Souffrance physique ou morale atroce, douleur intolérable. Synon. calvaire, martyre, supplice.Être, mettre (qqn) à la géhenne. Ses trois dernières années sont celles d'un infirme, rendues abominables par (...) la géhenne de ses crises rhumatismales, arthritiques (La Varende, Don Bosco,1951, p. 152). ♦ P. méton. Lieu de grande souffrance; situation intenable. L'enseignement supérieur ne doit pas devenir « une géhenne d'où les esprits sortent contrefaits et glacés. » (Barrès, Cahiers, t. 9, 1911, p. 49). REM. Géhenner, verbe.a) Emploi trans. Torturer, soumettre à des contraintes pénibles (surtout au fig.). Si l'oligarchie française n'avait pas une vie future, il y aurait je ne sais quelle cruauté triste à la gehenner après son décès (Balzac, Langeais,1834, p. 226).b) Emploi intrans. Endurer une grande peine morale. Il y a peut-être là-haut une récompense pour ceux qui ont tant géhenné à attendre les autres (Morand, Homme pressé,1941, p. 50). Prononc. et Orth. : [ʒeεn]. DG et Passy 1914 h aspiré (prononc. emphatique). Ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. Ca 1265 « enfer » (Br. Latini, Trésor, II, 129, éd. F.-J. Carmody, p. 311 : feu de gehenne). Du lat. chrét. gehenna, gr. γ
ε
́
ε
ν
ν
α « enfer » dans le N.T. (Mat. 5, 22 etc.); lat. chrét. Geennom (A.T. Vulgate Jos. 18, 16) gr. Γ
α
ι
́
ε
ν
ν
α (Septante, ibid.), hébr. biblique gē-Hinnōm « vallée de Hinnom », vallée au sud de Jérusalem, où des Juifs idolâtres offraient des enfants en sacrifice au dieu Moloch (2 Rois 23, 10; Jér. 7, 31-32), v. Bible Suppl. Cf. gêne. Fréq. abs. littér. : 79. |