| FIGUE, subst. fém. A.− Fruit du figuier ordinaire, à pulpe molle, délicate et sucrée, présentant de nombreuses variétés dans la couleur, le volume, la saveur, l'époque de la maturité et qui se consomme frais ou sec. Un cabas, un panier, une corbeille de figues; manger, cueillir des figues; gavage, décoction de figues. Des figuiers sauvages, avec leurs feuilles violettes et leurs petites figues pourprées arrangées comme des nœuds de chapelet sur les branches (Chateaubr., Essai Révol.,t. 2, 1797, p. 382).Alors vous cherchez les plus beaux fruits et (...) la figue dont une pluie bienfaisante a déchiré la robe satinée (Sand, Lélia,1839, p. 364): − J'ai jeûné trois jours, ne mangeant que des raisins, fruits bénis dont nous boirons le vin dans la vie future, des figues qui représentent la maternité, et des olives, essence de clarté spirituelle émanée de Dieu même.
Du Camp, Mém. suic.,1853, p. 185. SYNT. Figues blanches, vertes, pourpres, violettes, noires; figues d'été, d'automne, de printemps; les premières, les secondes figues; figues de Smyrne; figues-fleurs, figues grasses. ♦ Figue de barbarie. Fruit du cactus ou figuier d'Inde (Ac. 1932). − [P. réf. à la douceur du fruit] Emploi apposé avec valeur d'adj. J'écartai tant et plus de ces chipeuses de baisers. Séduites par mon air figue, les prudes me dénichaient (D'Esparbès, Lég. outil,1903, p. 180). − Loc. adj. Moitié figue, moitié raisin (vieilli), mifigue mi-raisin (mod.). Ambigu, perplexe; moitié de gré, moitié de force; bien et mal; partie sérieusement, partie plaisantant. Je reste planté là, moitié figue, moitié raisin. Je rougis, je tousse, je me mouche, je porte la main à mon chapeau. Que faire, par le Styx! (Milosz, Amour. initiation,1910, p. 125).Philip, moitié figue moitié raisin, lui avait posé la main sur le bras : − « vous m'inquiétez, mon petit » (Martin du G., Thib.,Consult., 1928, p. 1106).− Une drôle de tête? − C'est difficile à te dire : mi-figue mi-raisin, plutôt. Ils ne savaient qu'en dire. Ça les changeait, tu comprends. Ça les désorientait de perdre de vue leurs roselières (Gracq, Syrtes,1951, p. 67). ♦ Ni figue ni raisin. Indécis, peu franc. Il n'est pas franc [Swann] (...). Quelle différence avec Forcheville. Voilà au moins un homme qui vous dit carrément sa façon de penser (...). Ce n'est pas comme l'autre qui n'est jamais ni figue ni raisin (Proust, Swann,1913, p. 265). Rem. La docum. atteste une var. rhétorique figue et raisin. Il [A. Daudet] écrivit à son vieux camarade, Adrien Hébrard, une lettre figue et raisin, pour lui annoncer que (...) il ne donnerait pas au « Temps » le roman promis (L. Daudet, Dev. douleur, 1931, p. 256). Henri Rollan-Lothaire, Louis Seigner-Anselme m'ont paru (...) atténuer le dru, le figue-et-raisin dont Durtain éclaire si bien le dialogue [de Le Mari Singulier] (Colette, Jumelle, 1938, p. 185). B.− P. anal. 1. Sexe féminin. [Le juge à la fille torturée :] Le fer rouge dans vos appas Ira, cherchant plus bas repas [que les seins], Mordre la figue après les fraises (Richepin, Bombarde,1899, p. 50).Obsédé de la figue (Simonin, Touchez pas au grisbi,1953, p. 43). 2. Loc. fig. Faire la figue à (qqn ou à qqc.). Braver, défier, se moquer de. Moi, je veux mourir jeune aux bras d'une maîtresse, En riant et faisant la figue à la vieillesse! (É. Augier, Homme de bien,1845, I, p. 97).Tous les gamins de mon âge lâchés en liberté, voyous, rétifs, batailleurs, et qui me paraissaient heureux, les plus heureux du monde, et qui faisaient la nique ou la figue aux passants (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 149). ♦ Emploi pronom. Me tirer la langue (...) me faire la figue dans les miroirs (Milosz, Amour. initiation,1910p. 85). 3. Gén. au plur. ,,Testicules`` (Car. Argot 1977). Le papé met la main sur cette petite chair neuve [un garçon] encore, pleine de sang dans les plis; il palpe à pleins doigts la figue d'entre-jambes (Giono, Gd troupeau,1931, p. 266). 4. Figue de mer. Espèce méditerranéenne d'ascidie comestible. (Ds Pt Rob. et Lar. lang. fr.). REM. Figuette, subst. fém.Boisson alcoolisée à base de figues. Une boisson fermentée, abominable, « la figuette » (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 64). Prononc. et Orth. : [fig.] Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1170 fige (Rois, éd. E. R. Curtius, I, XXV, 18, p. 50); 1181-90 figue [ms. 2equart xiiies.] (Chr. de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 3313); 2. 1210 faire la figue (Bible Guiot, éd. J. Orr, 207); 3. 1487 loc. moitié figue, moitié raisin (Lettre au roi sur la redd. de la ville de Coucy, Cabin-Girardot ds Gdf. Compl.). 1 empr. à l'a. prov. figa (xiies. ds Rayn.), issu du lat. class. ficus fém. « figue, figuier », devenu fica* en lat. vulg. d'apr. de nombreux noms de fruits en -a, d'où l'a. fr. fie « figue » (ca 1170, B. de Ste-Maure, Chron., éd. C. Fahlin, 11240); 2 calque de l'ital. far la fica, attesté dep. mil. xiiies. (Novellino ds Batt.), fica désignant en ital. la vulve de la femme, ce sens étant lui-même un calque du gr. σ
υ
̃
κ
ο
ν « id. » (chez Aristophane, v. Bailly et DEI); 3 aurait pour orig. une fraude dont des marchands vénitiens, qui achetaient du raisin de Corinthe rare et cher, auraient été victimes (Bl.-W.5). Fréq. abs. littér. : 227. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 373, b) 365; xxes. : a) 310, b) 263. |