| FERMENT, subst. masc. A.− BIOCHIM. Agent biologique catalyseur de la fermentation. Il y aura lieu de chercher des ferments dans toutes les actions organiques et pour chaque action organique. L'acide urique, l'ammoniaque sont des produits de fermentation, de même que l'acide carbonique (C. Bernard, Notes,1860, p. 165). − En partic., vieilli ♦ Ferment figuré. Micro-organisme végétal ou microbien sécrétant des enzymes. [Les] vieilles doctrines qu'avait inlassablement combattues Pasteur, et qui voyaient dans les ferments figurés, dans les microorganismes, l'effet, non la cause des fermentations (J. Rostand, Genèse vie,1943, p. 173). ♦ Ferment soluble, p. ell. ferment. Enzyme du catabolisme fermentaire. La coagulation du lait est due à un ferment soluble (Roger dsNouv. Traité Méd.,fasc. 2, 1928, p. 452).[Les] fonctions catalytiques des ferments d'origine animale ou végétale (J. Verne, Vie cellul.,1937, p. 157). SYNT. Ferment acétique, alcoolique, caséique, lactique. ♦ En appos. Les nitrates favorisent (...) la levure ferment et gênent la multiplication de la levure végétale (Boullanger, Malt., brass.,1934, p. 391). B.− Au fig. Ce qui provoque ou entretient un sentiment, ce qui détermine un changement interne. (Quasi-) synon. germe, cause2. − Dans le domaine psychol.Elle [Lydia] éprouva cette vilaine honte de sa naissance et de sa famille (...) parmi les ferments de démoralisation intime, un des pires (Bourget, Cosmopolis,1893, p. 278).Cf. aussi Zola, Argent, s.v. désorganisateur : 1. Si j'avais à considérer la vie d'Élisabeth de Bavière comme un document, comme le point de départ d'une invention artistique, je saisirais avec vivacité, pour en faire un des ferments de mon travail, le spectacle que cette impératrice offrit au jeune Christomanos, certain jour qu'elle l'avait appelé à Schœnbrunn.
Barrès, Amori,1902, p. 164. − Dans le domaine pol., soc.La valeur accumulée devient, par destination reproductive, Capital; c'est-à-dire principe, ferment, moyen ou organe de production (Proudhon, Créat. ordre,1843, p. 374).[Les] masses (...) où il y a tant de germes utiles et en même temps, je le dis avec douleur, tant de ferments redoutables (Hugo, Actes et par. 1,1875, p. 155).Chenu prétendait jadis que nous [les ingénieurs] étions le ferment de la société future. Sera-ce en détruisant que nous arriverons à bâtir? (Estaunié, Ferment,1899, p. 89): 2. Chaque régime introduit chez nous des ferments nouveaux de discorde et ne supprime aucun de ceux qui existaient déjà. À l'intérieur des grandes factions visibles au premier regard, mille antagonismes cachés se révèlent peu à peu.
Mauriac, Bâillon dén.,1945, p. 483. − Dans le domaine artistique.Il [le Bouddha de Mathura] est peu indien, mais pas davantage hellénistique. L'art du Gandhara semble avoir agi là, sur les formes qui précédèrent son intrusion, comme un ferment (Malraux, Voix silence,1951, p. 163). SYNT. Ferment d'anarchie, de haine, d'indiscipline, de trouble, de révolte; ferment destructeur, mortel. Prononc. et Orth. : [fε
ʀmɑ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. fermant, ferrement. Étymol. et Hist. xives. (J. Goulain, Trad. du Ration. de G. Durant B.N. 437, fo92 vods Gdf. Compl. : ferment ou levain de malice); 1575 (Paré,
Œuvres, livre XVI, chapitre 36, éd. J.-F. Malgaigne, t. 2, p. 597 : portion du ferment de ce virus). Empr. au lat. class. fermentum « ferment, levain ». Fréq. abs. littér. : 226. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 169, b) 285; xxes. : a) 332, b) 467. Bbg. Gohin 1903, p. 362. − Plantefol (L.). Ét. sur un terme de biol. : enzyme. Fr. mod. 1968, t. 36, pp. 177-185. |