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FAINÉANT, ANTE, subst. et adj.
I.− Substantif
A.− Personne qui ne veut rien faire. Un grand fainéant. Synon. cossard (pop.), feignant (pop.), flemmard (fam.), paresseux; anton. bûcheur (fam.), travailleur.Avant de donner un sou à un pauvre, il voulait savoir si ce n'était pas un fainéant et pourquoi il ne travaillait pas dans les fabriques (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 182).Ce n'était pas la peine (...) que l'île payât le presbytère à un fainéant! un grand paresseux bien nourri! (Queffélec, Recteur,1944, p. 137):
1. − Oui, père... Ça vient de sonner en bas. − Dépêche-toi donc, fainéante! Si tu avais moins dansé hier dimanche, tu nous aurais réveillés plus tôt... En voilà une vie de paresse! Zola, Germinal,1885, p. 1144.
B.− Personne qui n'a rien (ou peu de choses) à faire. (Quasi-)synon. désœuvré, inactif, oisif; anton. actif.Mes aventures et mes travaux, à moi, laborieux fainéant que vous connaissez bien (Hugo, Rhin,1842, p. 309).Je suis un fainéant, bohème, journaliste Qui dîne d'un bon mot étalé sur son pain (Nerval, Corresp.,1830-55, p. 254):
2. ... lui et sa servante sont aubergistes à leur corps défendant; ils ont horreur des voyageurs. Quand ils découvrent de loin une voiture, ils se vont cacher en maudissant ces vagabonds (...), ces fainéants qui dérangent un honnête cabaretier et l'empêchent de boire le vin qu'il est obligé de leur vendre. Chateaubr., Mém.,t. 6, 1848, p. 173.
II.− Adj. Personne fainéante. (Quasi-)synon. paresseux.Les pays aurifères (...) n'enfantent que des populations fainéantes, et jamais les races fortes et laborieuses (Verne, Enf. cap. Grant,t. 2, 1868, p. 156).Sans avoir à faire un seul geste ni à interrompre sa tournée débonnaire, fainéante et royale (Proust, Guermantes 1,1920, p. 224):
3. − Dans ma propriété de Balisac, les résiniers ne sont pas vaillants comme ici : quatre amasses de gemme, lorsque les paysans d'Argelouse en font sept ou huit. − Au prix où est la gemme, faut-il qu'ils soient fainéants! Mauriac, T. Desqueyroux,1927, p. 272.
Loc. proverbiale, fam. Être fainéant(e) comme une couleuvre. Être très paresseux/se. Fainéante comme une couleuvre, elle était d'un mauvais rapport et d'une exigence qui croissait à mesure qu'elle travaillait moins (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 309).
HIST. Les rois fainéants. Derniers rois mérovingiens qui ont abandonné l'exercice du pouvoir et leurs charges aux maires du palais (d'apr. Lep. 1948, Davau-Cohen 1972). Je ne veux pas que l'Europe m'accuse de faire de vous un roi fainéant pour régner à votre place (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 401).Lesdits chariots étaient toujours les rustiques basternes des rois fainéants (P. Rousseau, Hist. transp.,1961, p. 90).
Rem. La docum. atteste a) Qq. emplois adj. de ce mot appliqués à d'autres types de chefs d'état et créés p. anal. avec ce dernier emploi (hist.) : Il ne voulait pas jouer le rôle d'un dictateur fainéant (Fondateurs 3eRépubl., Floquet, 1888, p. 150). Sous ce titre modeste qui respectait l'autorité théorique des khalifes-fainéants de la maison fâtimide (Grousset, Croisades, 1939, p. 203). b) Les dér., très péj. et pop., fainéasse, fainéasson, adj. et subst. À ne rien foutre chez Merrywin... j'étais devenu franchement fainéasse (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 363). Il voulait ainsi l'obliger ce lecteur, toujours fainéasson, à des entreprises... (Id., ibid., p. 434).
Prononc. et Orth. : [fεneɑ ̃] ou [fe-], fém. [-ɑ ̃:t] et, pour la forme pop., [fε ɳ ɑ ̃] ou [fe-], fém. [-ɑ ̃:t]. Pour l'orth. de la forme pop. on trouve feignant (Littré, Rob., Lar. Lang. fr.), faignant (Pt Rob., Lar. Lang. fr.), feigniant, faigniant. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1306 Loïs Faineant (G. Guiart, Royaux Lignages, I, 7770 ds T.-L.). Altération pop. d'apr. la forme verbale fait (faire*) et néant*, de feignant part. prés. adj. de feindre* au sens de « se dérober, rester inactif » (ca 1100 pronom. ds T.-L.). Fréq. abs. littér. : 314. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 348, b) 730; xxes. : a) 544, b) 323. Bbg. Arickx (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, no3, p. 129. − Cassagnau (M.). Trois vulgarismes qui n'en sont peut-être pas. Vie Lang. 1970, pp. 647-648. − Sain. Lang. par. 1920, p. 93, 110, 352.