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FÉDÉRATION, subst. fém.
A.−
1. POL. Association, alliance politique d'États souverains ligués entre eux. Synon. confédération.L'Allemagne étoit une fédération aristocratique (Staël, Allemagne, t. 1, 1810, p. 37).La féodalité générale était une véritable fédération (Guizot, Hist. civilisation,Leçon 4, 1828, p. 30).
2. DR. CONSTIT. et INTERNAT. Union de plusieurs États particuliers conservant leur souveraineté dans certains domaines de compétence, au sein d'un seul État fédéral auquel ils abandonnent leur souveraineté externe et une partie de leur souveraineté interne. Les petites monarchies sont moins propres à former une fédération, que les petites républiques (Destutt de Tr., Comment. sur Espr. des lois,1807, p. 123).L'U.R.S.S. est la fédération des Républiques soviétiques, mais ces Républiques fédérées peuvent à leur tour elles-mêmes être des États fédéraux et grouper dans leur sein des Républiques soviétiques autonomes (Vedel, Dr. constit.,1949, p. 214):
1. Un État fédéral et a priori une fédération d'États, ne prétend pas comme on le craint quelquefois, aboutir à la suppression de l'entité des différents éléments qu'elle fédère et en particulier des différents États. Un pacte fédéral garantit l'existence personnelle des communautés politiques préalablement existantes et leur garantit aussi l'usage des compétences qui sont nécessaires pour gérer leurs intérêts autonomes. Scelle, Fédéral. eur.,1952, p. 14.
3. P. anal.
a) Dans d'autres domaines. Alliance entre peuples, nations, États. Guillaume caressait déjà le plan d'une fédération armée du continent européen contre la reine de la mer (Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. 20).La fédération intellectuelle de l'Europe et du monde sous l'égide de la France victorieuse, gardienne de la civilisation (Benda, Trahis. clercs,1927, p. 297).Une fédération stratégique et économique entre la France, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 618).
b) Groupement en une société élargie de communautés humaines. Famille, phratrie, tribu, cité, sont d'ailleurs des sociétés exactement semblables entre elles et qui sont nées l'une de l'autre par une série de fédérations (Fustel de Coul., Cité antique,1864, p. 157).Comme un organisme, en effet, elle [une société] se résout en une fédération d'organismes moindres, qui se résolvent eux-mêmes en une fédération de cellules (Bourget, Essais psychol.,1883, p. 15).Des fédérations spontanées qui ont mêlé les hommes sans convention expresse ni contrat conscient (Blondel, Action,1893, p. 250).
B.− P. anal. Groupement, en une seule, de plusieurs associations poursuivant un but commun. Nous disions le Denier des veuves des Gens de Lettres... − Et la Tutélaire, pour les enfants; et la Fédération des Œuvres Maritimes et le patronage pour la jeunesse féminine (Valéry, Variété IV,1938, p. 187).
1. HIST. Sous la Révolution, ensemble d'associations, armées, d'abord issues des provinces, formées pour lutter contre les ennemis de la liberté. Toutes les fédérations vont se confédérer entre elles, l'union tend à l'unité. Plus de fédérations, elles sont inutiles, il n'en faut plus qu'une : la France (Michelet, Hist. de la Révol. fr.,Paris, Gallimard, t. 1, 1952, [1848], p. 404).La révolution bourgeoise a été faite par des fédérations qui venaient de proche en proche se nouer à Paris (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. 118).
En partic. Réunion des députés de toutes les gardes nationales et de tous les corps de l'armée, rassemblés au Champ de Mars, à Paris, le 14 juillet 1790, pour prêter serment à la Constitution. Tout Paris se portait en foule à la fédération de 1790, comme l'année précédente à la destruction de la Bastille (Staël, Consid. Révol. fr.,t. 1, 1817, p. 297).Tous deux [Talleyrand et l'abbé Louis] avaient célébré, le 14 juillet 1790, la messe de la Fédération au Champ de Mars (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 144).Tout le monde, le roi en tête, prêta serment à la Fédération devant l'« autel de la Patrie » (Bainville, Hist. Fr.,t. 2, 1924, p. 49).
P. méton. La fête de la Fédération. Cette solennité. Cette vue cavalière de la fête de la Fédération, avec rangées d'oriflammes, qui figurait dans le manuel d'histoire de ma jeunesse (Gracq, Beau tén.,1945, p. 107).Le champ de la fédération. Le Champ de Mars. Donnez-moi un général (...) qui puisse venir au champ de la fédération offrir, sur l'autel de la patrie, des sacrifices agréables aux mânes des citoyens qui l'ont rougi de leur sang (Robesp., Discours,Guerre, t. 8, 1792, p. 147).
2. En partic. Groupement organique de plusieurs sociétés constituées. La fédération du bâtiment, des métaux; la fédération des armateurs et des négociants; la fédération anarchiste, protestante, républicaine, socialiste. Synon. association, ligue, union.Ce sont les organisations syndicales et professionnelles qui s'étendent, s'assouplissent, se diversifient : syndicats, fédérations de syndicats, bourses du travail, fédérations de métiers, fédérations d'industrie (Jaurès, Ét. soc.,1901p. 147).L'ouverture du Congrès de la Fédération des Unions Intellectuelles à Milan (Du Bos, Journal,1926, p. 70).Une compétition sur route, que la fédération départementale faisait courir, ce jour-là, autour de Chartres (Bloch, Dest. du S.,1931, p. 42):
2. Il y avait le manifeste du Parti socialiste, celui du Groupe socialiste parlementaire, celui de la Confédération générale du Travail, celui de la Fédération de la Seine, celui du Bureau interfédéral de la Libre Pensée. Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 487.
P. méton. Siège social d'une fédération. Synon. bureau.Paraît qu'il [Bastien] est retenu à la Fédération, et qu'il ne viendra pas (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936p. 488).
C.− Au fig.
1. Union d'êtres, de forces. Une fédération de consciences qui s'éveillent ou un concours de volontés qui se cherchent et peu à peu se trouvent (Blondel, Action,1893p. 292).Les moines (...) établissent une solidarité dans le bien qui fait contre-poids à la fédération du mal (Huysmans, En route, t. 2, 1895, p. 294).Il [Jules Vallès] appelait la Commune la grande fédération des douleurs (Bourget, Actes suivent,1926, p. 36).
2. Interdépendance. Cette fédération de sentiments et d'intérêts dura sans choc ni mécomptes pendant vingt années (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 241).L'étroite fédération où furent originairement l'homme et l'animal, pacte oublié par notre orgueil ingrat (Michelet, Oiseau,1856, p. 297).Cet entre-croisement ou cette fédération des actes (Blondel, Action,1893p. 201).
Rem. On relève ds la docum. la forme abrégée fam. fédé, subst. fém. Moi, je viens de la Fédé (Martin du G., op. cit., p. 545).
Prononc. et Orth. : [fedeʀasjɔ ̃]. Ds Ac. 1798-1932. Étymol. et Hist. 1. xives. « association de plusieurs États (ou organismes) en un seul » (Chron. de Flandre, II, 255, Kervyn ds Delb. Notes); 2. 1789 hist., sous la Révolution « association de gardes nationaux » (Moniteur II, 455a ds Ranft, p. 104). Empr. au b. lat. foederatio, -onis « alliance », formé sur le supin foederatum, v. fédérer. Fréq. abs. littér. : 196.