| FÉCONDITÉ, subst. fém. A.− Capacité dont jouissent les femelles des êtres vivants organisés d'assurer la reproduction de l'espèce. 1. Domaine humain a) Capacité de la femme à procréer. Les femmes faisaient des présens à leurs époux, et adressaient leurs prières au génie de la fécondité féminine (Juno Lucina) (Michelet, Hist. romaine,t. 1, 1831, p. 28).La fécondité, qui produit des êtres semblables à leur auteur et semblables entre eux, est donc le principe naturel de l'unité dans la pluralité (Lacord., Conf. N.-D.,1848, p. 46).Sylvaine s'était fait conduire jusqu'à Nanterre pour baiser l'orteil d'une statue de Saint-Pierre qui donnait, paraît-il, la fécondité (Druon, Gdes fam.,t. 2, 1948, p. 132): 1. Après que le maire eut lié les fiancés dans la petite maison municipale, le curé les unit à son tour dans la modeste maison du Bon Dieu. Il bénit leur accouplement en leur promettant la fécondité, puis il leur prêcha les vertus matrimoniales...
Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Père Amable, 1886, p. 223. b) Fait d'avoir un certain nombre d'enfants. Il ne paraît pas que la Grèce soit plus peuplée aujourd'hui qu'il y a vingt ans, malgré la fécondité des mariages (About, Grèce,1854, p. 67).Les lois de Mendel sont des lois statistiques de grand nombre et la fécondité de l'espèce humaine est trop faible pour les vérifier avec quelque rigueur (Mounier, Traité caract.,1946, p. 53): 2. La fécondité est un phénomène plus complexe que la moralité. Aucune population n'atteint la fécondité physiologique que l'on pourrait concevoir dans des conditions idéales. Des phénomènes sociaux (célibat, veuvage, mariages non assortis, etc.) et physiologiques, mais d'origine sociale (maladies, privations, consanguinité, etc.), réduisent le nombre des naissances en dehors de toute volonté positive.
Tiers monde,1956, p. 140. − En partic., DÉMOGR. Taux de fécondité. ,,Fréquence des naissances dans une population donnée`` (Envir. 1976). 2. Domaine animal.Capacité d'une espèce animale, et particulièrement d'une femelle, d'avoir une (abondante) progéniture. L'unique femelle de chaque essaim [de termites] a l'horrible fécondité de pondre, par jour, 80 000 œufs (Michelet, Oiseau,1856, p. 299).Elle [la chienne] produisait, avec une fécondité vraiment phénoménale, des multitudes de petits chiens de toutes les espèces connues (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Hist. chien, 1881, p. 766). 3. Domaine végétal.Capacité dont jouissent des végétaux de produire une récolte (abondante). Une grande baisse de prix était rendue nécessaire par la fécondité du plant américain greffé, par l'excellence de deux récoltes successives (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. 10). B.− P. ext. Capacité que possède la terre de produire. Il y a une vertu singulière d'élasticité dans ces anciennes civilisations fondées sur ce qui change le moins, la fécondité du sol, les forces réparatives de la terre (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 261).Le soleil et le laboureur se connaissent et collaborent à la fécondité de la terre (Béguin, Âme romant.,1939, p. 257): 3. Il en est, vous le savez, de l'activité humaine comme de la fécondité de la terre; dès que le bouleversement cesse, elle reparaît, elle fait tout germer et fleurir.
Guizot, Hist. civilisation,1828, 7eleçon, p. 16. C.− Au fig. 1. Production abondante et de grande valeur, dans le domaine intellectuel. Je n'ai pas pu travailler. Cependant ces jours ont été d'une assez grande fécondité intérieure et je regrette de n'avoir pas eu le temps de dicter (Du Bos, Journal,1922, p. 180): 4. ... il était alors dans une période d'abondance intérieure où il n'y avait nul interstice, par où le néant pût se glisser. Tout lui était un prétexte à cette fécondité intarissable : tout ce que voyaient ses yeux, tout ce qu'il entendait, tout ce que heurtait son être dans la vie quotidienne, chaque regard, chaque mot, faisait lever dans l'âme des moissons de rêves.
Rolland, J.-Chr.,Révolte, 1907, p. 384. 2. Qualité d'un principe, d'une idée à fournir d'amples développements, à ouvrir un vaste champ de réflexion. La véritable fécondité d'un poète ne consiste pas dans le nombre de ses vers, mais bien plutôt dans l'étendue de leurs effets (Valéry, Variété II,1929, p. 150). Prononc. et Orth. : [fekɔ
̃dite]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1050 fecunditét « aptitude à se reproduire » (Alexis, éd. Chr. Storey, 27); 1600 en parlant de la terre (O. de Serres, 88 ds Littré); 1690 fig. fecondité d'un esprit (Fur.). Empr. au lat. class. fecunditas, -atis « fécondité, fertilité ». Fréq. abs. littér. : 636. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 091, b) 952; xxes. : a) 848, b) 753. |