| EXPULSER, verbe trans. A.− [Le compl. d'obj. désigne une pers. ou un animal] 1. Obliger, avec plus ou moins de force, à quitter le lieu où on se trouve. Expulser énergiquement, violemment : 1. Christophe ouvrit, et se trouva en présence d'un troisième inconnu, qu'il se mettait en devoir d'expulser rondement, quand l'autre, en protestant, excipa de son titre...
Rolland, J.-Chr.,Amies, 1910, p. 1090. 2. DR. Chasser (quelqu'un) de sa maison, de sa terre, de son pays : 2. Le locataire qui ne garnit pas la maison de meubles suffisans, peut être expulsé, à moins qu'il ne donne des sûretés capables de répondre du loyer.
Code civil,1804, art. 1752, p. 318. − P. ext. Exclure (quelqu'un ou un groupe) d'une assemblée, d'un corps constitué. Expulser un coupable, un suspect. Il était évidemment d'humeur à expulser ce soir-là tout le collège (Maurois, Ariel,1923, p. 44). ♦ (Faire) expulser le Conseil, la Cour, de l'audience. Huissier, faites faire silence à Monsieur, car, s'il continuait, nous nous verrions avec peine obligé de le faire expulser de l'audience (Champfl., Bourgeois Molinch.,1855, p. 202). 3. Au fig. [Le compl. désigne une pers. ou un produit de l'esprit humain] a) Faire sortir (quelqu'un) de lui-même. La psychanalyse (...) ne vise à rien moins qu'à expulser l'homme de lui-même (Breton, Nadja,1928, p. 23). b) Pousser hors de, éliminer. On doit expulser de la poésie toute espèce d'idées, de sentiments et d'images (Bremond, Poésie pure,1926, p. 42). − Emploi pronom. réciproque. Ces deux royaumes [de Dieu et du monde] s'expulsaient l'un l'autre du cœur de l'homme (Green, Moïra,1950, p. 202). c) Emploi abs. Faire sortir de soi. Je ne crois pas du tout qu'il suffise de dire que j'aime à parler : (...) le besoin profond, c'est celui d'exprimer, d'expulser (Du Bos, Journal,1925, p. 371). B.− [Le compl. d'obj. désigne une chose] 1. Pousser dehors, évacuer. La fumée, au lieu d'être expulsée par les toits, (...) s'engage à travers des conduits souterrains (Verne, 500 millions,1879, p. 160). 2. MÉD., PHYSIOL. Rejeter (hors de l'organisme) des substances solides ou liquides. Un très petit nombre [parmi les microbes] franchissent la muqueuse intestinale. Les autres sont expulsés au dehors avec les excréments (Calmette, Infection bacill. et tubercul.,1920, p. 155). − Emploi pronom. passif. Est bon [pour le nourrisson] (...) ce qui se mange et ce qui se garde, mauvais ce qui se rejette et s'expulse (Mounier, Traité caract.,1946, p. 682). − Emploi abs. L'important est que je ne fiche rien de rien, content de voir (...) tout le monde qui mange, boit, expulse et pond (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1895, p. 253). ♦ P. anal. Cet appareil d'organes qui contiennent l'enfant (...) agissent et réunissent leurs forces pour l'expulser (Baudelocque, Art accouch.,1812, p. xiv). 3. PHYS. Arracher pour éjecter : 3. ... dans une chambre de Wilson, des protons, provenant de l'hydrogène d'un morceau de paraffine, étaient heurtés par son impact et expulsés à grande vitesse.
Leprince-Ringuet, Atomes et hommes,1957, p. 28. Prononc. et Orth. : [εkspylse], (j')expulse [εkspyls]. Cf. é-1. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1440-75 « chasser » (G. Chastellain, Chron. du D. Phil., ch. LXII ds Gdf. Compl.); 2. 1561 méd. « évacuer » (A. Paré, VIII, 2 ds Littré). Empr. au lat. expulsare, dér. de expellere « pousser hors de ». Fréq. abs. littér. : 258. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 203, b) 284; xxes. : a) 452, b) 496. |