| EXIGUÏTÉ, subst. fém. A.− Vieilli. Caractère de ce qui est insuffisant en quantité. Dans les contrées vouées à la vie pastorale, (...) les contrastes atteignent leur maximum entre l'exiguïté de main-d'œuvre humaine et l'abondance de capital pastoral (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 37).Cette extrême exiguïté des effectifs français prouvait, du reste, que l'autorité de la France avait d'autres bases que la seule force (de Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 26). 1. [En parlant d'un mets] Ce mets local avec la garbure graissée par un morceau de lard dérobé, sans doute, à l'appât d'une souricière, vu son exiguïté, formait le frugal repas du baron (Gautier, Fracasse,1863, p. 15). 2. [En parlant de sommes d'argent] Exiguïté de la fortune, d'un revenu. Les « acquisitions » se sont bornées à une faible somme, attendu l'exiguité des fonds dont on peut disposer (Jomard, Consid. sur coll. cartes géogr.,1831, p. 52).Je regrette profondément que l'exiguité de mes ressources ne me permette de vous offrir qu'une aide momentanée (Hugo, Corresp.,1840, p. 571).Nous nous rencontrions à un petit restaurant du faubourg Saint-Germain, où l'exiguïté de notre bourse nous forçait de prendre nos repas (Dumas père, Simples lettres sur art dram.,1844, III, p. 210). B.− Caractère de ce qui est très petit, de dimensions généralement très réduites, insuffisantes. 1. [En parlant d'un animé, de sa taille ou d'une partie du corps] Grâce à l'exiguïté de ma taille, je me faufilai sous une tente (Balzac, Lys,1836, p. 23).Le « brontosaure ». Sa longueur atteignait 20 mètres et son poids était d'environ 20 tonnes. Sa tête était d'une exiguïté ridicule (Boule, Conf. géol.,1907, p. 125).V. ample ex. 10. 2. [En parlant d'une surface, d'un volume, et partic. d'une habitation] Exiguïté du logement. L'exiguïté de cette cabine de marin exigeait que la porte vitrée restât toujours ouverte, afin d'y donner de l'air (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 76).L'exiguïté des nouveaux appartements a incité les ébénistes à inventer des meubles à plusieurs usages (Viaux, Meuble Fr.,1962, p. 151): Explication de Marcel Schwob sur l'impossibilité de fonder un journal du matin à Nantes : à cause de l'exiguïté des trottoirs, les Nantais ne peuvent lire en allant à leurs affaires.
Renard, Journal,1894, p. 239. − Caractère de ce qui est très petit, court. Mon très cher vieux, Pardonne-moi l'exiguïté de cette lettre, mais je suis fort talonné par le temps (Flaub., Corresp.,1858, p. 258). 3. Au fig. [En parlant d'une réalité abstr.] Caractère de ce qui manque d'ampleur, de ce qui est d'une dimension trop petite. L'étendue infiniment bornée de nos conceptions et (...) l'exiguïté de nos âmes (M. de Guérin, Journal,1833, p. 175).La monstrueuse disproportion (...) entre l'immensité des effets accomplis et l'exiguïté de ces prétendues causes (Comte, Philos. posit.,t. 4, 1839-42, p. 244).L'exiguïté de notre pensée, qui ne peut réaliser que ce qu'elle se représente et laisse le reste dans un vague dont on ne peut relativement souffrir (Proust, Prisonn.,1922, p. 225). Prononc. et Orth. : [εgzigɥite]. Cf. é-1. Ds Ac. dep. 1798. Ds Besch. 1845 sans tréma; cf. aussi Jomard et Hugo supra. Étymol. et Hist. 1495 (J. de Vignay, Miroir hist. ds Delb. Rec. ds DG). Empr. au lat. class. exiguitas, -atis « petitesse, exiguité ». Fréq. abs. littér. : 68. |