| ENTRAVER1, verbe trans. A.− Mettre une entrave à (un animal). Entraver les bœufs : Seulement on entrava mon cheval et celui de M.; quant aux deux chevaux des spahis, ils furent lâchés dans le bois...
Fromentin, Un Été dans le Sahara,1857, p. 226. − P. métaph. [L'obj. désigne un être hum.] Apparemment l'amour ne se saisit plus aux cheveux, comme la fortune, mais on l'entrave, tel un esclave (Camus, Chev. Olmedo,1957, p. 750). − Emploi pronom. [En parlant d'un animal ou d'un être hum.] Se prendre les jambes dans quelque chose comme dans une entrave. S'entraver dans un harnais; s'entraver dans ses sabots. Ça m'entravait les jambes; je l'ai jetée en courant (Giono, Gd troupeau,1931, p. 40).En se tournant, le bossu s'entrava dans une branche morte (Pourrat, Gaspard,1931, p. 229). ♦ P. métaph. Un grand écrivain sans usage s'entrave dans sa gloire comme dans un sabre (Mauriac, Journal 2,1937, p. 183). B.− Au fig. Gêner (quelqu'un ou quelque chose); arrêter le mouvement, embarrasser. Gouvernement qui entrave le commerce; coutume entravant la circulation des idées. Synon. empêcher; anton. faciliter.Il y a d'autres facteurs qui facilitent ou entravent le développement de l'intelligence (Carrel, L'Homme,1935, p. 142).Nous ne devons pas entraver l'action du gouvernement! (Martin du G., Thib.,Été, 1936, p. 616).Les clauses restrictives entravant le commerce seront abandonnées en deux temps (Wolkowitsch, Élevage,1966, p. 200). − Emploi pronom. réciproque. Le Capétien et le Plantagenet, bien qu'alliés pour la Guerre Sainte, se suspectaient, se surveillaient et s'entravaient l'un l'autre (Grousset, Croisades,1939, p. 266). Rem. On rencontre ds la docum. entraveur, subst. masc. Celui qui entrave. Le double entraveur qui a, tout à la fois, dans ses attributions, le sabre du gendarme et les ciseaux du critique! (Flaubert, Corresp., 1852, p. 59). Étymol. et Hist. 1. Fin xiies. entr(e)aver au fig. (Deu le omnipotent, éd. W. Suchier, 5); 2. ca 1480 au propre (G. Coquillart, L'Enqueste d'entre la simple et la rusée, 221 ds
Œuvres, éd. M. J. Freeman, p. 68); 3. 1580 « empêcher de se faire, de se développer » (Montaigne, Essais, I, 18, éd. A. Thibaudet, p. 99); 4. 1887 voyelle entravée (K. Bartsch, A. Horning, La Lang. et la litt. fr. depuis le IXes. jusqu'au XIVes., p. 5). Soit dér. de l'a. fr. tref « poutre », cf. travée; soit empr. de l'a. prov. entravar de même sens, lui-même dér. de trau « poutre, sommier », du lat. class. trabs, trabis proprement « poutre ». |