| * Dans l'article "ENGRENER2,, verbe trans." ENGRENER2, verbe trans. A.− Domaine concr.Disposer deux choses l'une dans (ou avec) l'autre de façon à établir une articulation entre elles. 1. MÉCAN. Faire entrer les dents d'une roue ou d'un pignon dans les espaces séparant les dents d'une autre roue, ou d'une crémaillère ou dans la gorge d'une vis de manière à transmettre un mouvement généralement circulaire. Engrener un pignon dans une roue : 1. ... en virage (...) une roue faisant plus de chemin que l'autre, la crémaillère gauche aura donc avancé, plus que la droite : de ce fait, le pignon va tourner sur son axe, le système pouvant fonctionner tant que la crémaillère est engrenée avec le pignon.
Chapelain, Cours mod. de techn. automob.,1956, p. 190. − Emploi intrans. et emploi pronom. à sens subjectif. Deux roues qui engrènent bien. Devant moi, une grande roue, où s'engrènent de petites roues (Goncourt, Journal,1859, p. 584).[L'] engrenage (...) est constitué par un cercle denté à l'intérieur, fixé à la jante de la roue, qui engrène avec un petit pignon monté sur l'axe du moteur (Haton de La Goupillière, Exploitation mines,1905, p. 771). 2. P. anal., ANAT. CHIR., emploi pronom. à sens passif et intrans. [En parlant des os de certaines articulations ou des fragments d'un os fracturé] Imbriquer par des dentelures ou des spicules osseux. Les côtes de la tortue (...) s'engrènent entre elles et avec les vertèbres du dos (Cuvier, Anat. comp.,t. 1, 1805, p. 124).Une fracture engrenée en mauvaise position doit être désengrenée avant toute tentative de réduction (Lar. Méd.t. 11971). B.− Au fig. 1. [L'accent est sur le début de l'opération] a) Vx. Mettre en mouvement, en train. Engrener une affaire, des relations. − Emploi abs. Bien engrener, mal engrener. ,,Bien, mal commencer une affaire`` (Ac. 1932). b) [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Engrener (dans qqc.).Entraîner dans un système dont, de gré ou de force, on subit le mouvement. Dès les premières mesures de notre ouverture, je me sens soulagée, engrenée, devenue légère et irresponsable (Colette, Vagab.,1910, p. 9): 2. Entré comme pion à vingt ans dans une institution quelconque, afin de pouvoir pousser ses études jusqu'à la licence ès lettres d'abord, et jusqu'au doctorat ensuite, il s'était trouvé engrené de telle sorte dans cette vie sinistre qu'il était resté pion toute sa vie.
Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, La Question du latin, 1886, p. 565. − Emploi pronom. à sens réfl. Les camarades d'avant-hier, à qui l'on serrait la main dans les congrès internationaux, s'engrènent dans la machine impérialiste et militariste? (Barrès, Fam. spir.,1917, p. 104). 2. [L'accent est sur la nature de l'opération] Engrener (à, avec, dans qqc.).Articuler, enchaîner. Il faut engrener le moins possible son existence avec celle des êtres qui nous sont indifférents, antipathiques ou contraires (Amiel, Journal,1866, p. 281). − Emploi pronom. à sens passif ou réciproque. Écouter les craquements des boiseries s'engrener subtilement dans le silence suspendu (Gracq, Syrtes,1951, p. 176).Des fois, on refait sa vie (...) ça peut être raisonnable quand les idées et les intérêts s'engrènent bien (H. Bazin, Qui j'ose aimer,1956, p. 64). − Emploi intrans. Robert possédait (...) une verve capable d'engrener avec celle de l'homme étonnant [Forain] qui sut dépasser Daumier et Goya (L. Daudet, Salons et journaux,1917, p. 174). Rem. La docum. atteste la graph. engrainer (cf. Cuvier, op. cit., t. 4, 1805, p. 319). Prononc. et Orth. Cf. engrener1. Mot admis ds Ac. 1694-1878. Étymol. et Hist. 1. Ca 1225 a. fr. « commencer quelque chose » a l'engrener (Hist. de G. Le Maréchal, 15414 ds T.-L.); 2. 1597 pronom. « s'adapter » (Du Vair, Constance et consolation, L. III, p. 377 ds Hug.); en partic. 1660 « s'emboîter dans les intervalles des dents de la roue voisine et avoir ainsi un mouvement commun avec cette roue » (Oudin Esp.-fr.); 3. 1777 pronom. « s'enchaîner, s'articuler » (B[onnaud], Tartufe epistolaire ds Fér. Crit. : mes idées s'engrènent). Issu p. ext. de engrener1* « mettre du grain dans la trémie d'un moulin » d'où la notion inchoative (attestée la 1re) ou de condition d'un mouvement. Fréq. abs. littér. : 65. DÉR. 1. Engrènement, subst. masc.a) Mécan. Action d'établir un engrenage; résultat de cette action. Le jeune Vaucanson (...) s'approche de la caisse de l'horloge; il voit à travers les fentes l'engrènement des roues (...) projette une pareille machine, l'exécute (Stendhal, Corresp.t. 1, 1800-42, p. 47).P. métaph. Un roman policier avec un crime, un coupable et un détective, et les engrènements voulus entre les différentes aspérités de la démonstration (Queneau, Pierrot,1942, p. 210).b) Anat. chir. Emboîtement par des dentelures de certaines articulations fixes (cf. infra engrenure b) ou interpénétration des fragments osseux d'un os fracturé. Fracture avec engrènement (Rob.; cf. aussi G. Gérard, Anat. hum., 1912, p. 31). Spéc., odontologie. ,,Pénétration statique plus ou ou moins grande des cuspides dentaires dans les sillons correspondants des dents antagonistes`` (Sins. Paradontol. 1973). − [ɑ
̃gʀ
εnmɑ
̃]. − 1resattest. a) 1730 technol. (Reaumur ds Mém. de l'Acad. des sc., p. 262 ds DG); b) 1912 chir. (G. Gérard, loc. cit.); du rad. de engrener2, suff. -(e)ment1*. 2. Engrenure, subst. fém.a) Mécan. Position respective des parties qui composent un engrenage. L'engrenure de ces roues est bien faite (Ac.).P. anal. Le bourreau fait jouer l'homicide engrenure, Et, glissant avec bruit dans sa double rainure, Le couteau tombe comme un plomb (Pommier, Républ.,1836, p. 109).b) Anat. Articulation fixe de certains os soudés entre eux par des dentelures qui s'imbriquent. Engrenure des os du crâne (Rob.).− [ɑ
̃gʀ
əny:ʀ]. Ds Ac. 1762-1932. Cf. égrainer. − 1resattest. a) 1640 (Oudin, Recherches ital. et françoises, Paris, s.v. Incastratura); b) 1803 anat. (Wailly Vocab.); du rad. de engrener2, suff. -ure*. BBG. − Høybe (P.). Cf. bbg. engrener1. − Gohin 1903, p. 372 (s.v. engrenure). |