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EMBERLIFICOTER, verbe trans.
Familier
A.−
1. Rare. Gêner (quelqu'un) dans ses mouvements.
2. Cour., emploi pronom. S'emmêler (dans quelque chose). S'emberlificoter dans une corde. Synon. s'empêtrer, s'entraver.Le nain traînant le grand sabre, s'y emberlificotant les jambes (Hugo, Corresp.,1853, p. 147).Les perdrix rouges (...) venaient donner dans le filet, s'emberlificotaient dans les mailles (Genevoix, Raboliot,1925, p. 141):
Il s'avança vers Gervaise, les bras ouverts, très ému. − T'es une bonne femme, bégayait-il. Faut que je t'embrasse. Mais il s'emberlificota dans les jupons, qui lui barraient le chemin et faillit tomber. Zola, L'Assommoir,1877, p. 509.
B.− Au fig.
1. Embarrasser (quelqu'un). Synon. entortiller (fam.).Bergère l'avait emberlificoté dans ses raisonnements (Sartre, Mur,1939, p. 186).
2. Amener (quelqu'un) à ses propres vues, en le séduisant par des paroles ou des promesses. Emberlificoter un juge, un créancier. Synon. circonvenir, embobeliner (fam.), embobiner (fam.).Les jeunes filles, qui vous emberlificotent avec leur araignée du mariage, et ses toiles (Montherl., Démon bien,1937, p. 1256).Ce qu'il y a de terrible, ma petite, reprend le patron presque ému, c'est que des Arthur Gérane puissent emberlificoter couramment de braves filles comme vous (H. Bazin, Tête contre murs1949, p. 296).
Emploi pronom. réfl. subjectif. S'embrouiller. S'emberlificoter dans ses souvenirs. On a parlé peinture et l'éternelle dispute du classique et du romantique s'est emberlificotée dans la conversation (Delécluze, Journal,1824, p. 29).Il s'emberlificote dans des compliments tortueux, dans des phrases pleines d'embûches (Colette, Cl. école,1900, p. 76).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Le subst. masc. emberlificoteur. Qui emberlificote. Koryck, dit le Hutin, terreur de la radio, emberlificoteur des ondes, qui les tresse comme des queues de chevaux, y sème à poignées la friture et les parasites (Arnoux, Paris, 1939, p. 132). b) Le verbe trans. emberlucoquer au sens de « embarrasser ». Voilà que la maudite assiette et son bouillon de mollusques commencent à le hanter à l'emberlucoquer, à le faire virer en bourrique (Id., Seigneur, 1955, p. 85).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃bε ʀlifikɔte]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1711 embarelicotter « rendre amoureux » (texte relevé par Coirault ds La Musique du Diable ds Mél. Dauzat, p. 209); 1744 embarelificorelicoter (Favart, Bateliers de Saint-Cloud II, 5 ds Théâtre, t. 6, ibid.), 1783 embarlificoté « emmêlé, embarrassé » (Berquin, Ami des enfants, t. 2, p. 53), 1790 emberlificoter (A.-F. Le Maire, Lettres bougrements patriotiques..., no76, p. 5 ds Brunot t. 10, p. 211). Déformation de emberlucoquer*, avec infixation de -(if)ique* prob. sous l'influence de mots comme mirlifique, horrifique et substitution du suff. -oter*. Fréq. abs. littér. : 14. Bbg. Guiraud (P.). Le Ch. morpho-sém. du mot tromper. B. Soc. Ling. 1968, t. 63, p. 101. − Massignon (G.). À propos d'emberlificoter. In : [Mél. Dauzat (A.)]. Paris, 1951, pp. 209-213. − Prigniel (M.). Entourlouper. Fr. mod. 1971, t. 39, p. 347. − Sain. Lang. par. 1920, p. 312. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 135; p. 332 (s.v. emberlucoquer).Spitzer (L.). S'emberlucoquer, s'emberlificoter. Romania, 1948/49, t. 70, pp. 523-526.