| EMBÉGUINER, verbe trans. Familier A.− Coiffer d'un béguin*, envelopper la tête d'une pièce d'étoffe quelconque à la manière d'un béguin. Embéguiné de qqc. Il étoit toujours embéguiné dans son grand capuchon (Genlis, Chev. Cygne,t. 1, 1795, p. 87).Les filles embéguinées, aux longs voiles de deuil (Loti, Ramuntcho,1897, p. 168): Zéphirine avait amené son factotum à faire l'homme de petite santé : elle le ouatait, l'embéguinait, le médicinait; ...
Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 90. B.− Au fig., péj. Occuper l'esprit tout entier en inspirant une passion excessive et déraisonnable. Tout ce qui tient une plume s'est donné le mot pour embéguiner le peuple (Proudhon, Syst. contrad. écon.,t. 1, 1846, p. 327).Dois-je la charité d'amour à toutes les pécores et donzelles qui ont la fantaisie de s'enamourer de moi? Je suis trop bon (...) et je finis par être embéguiné (Gautier, Fracasse,1863, p. 186). − Emploi pronom. réfl. Il s'est embéguiné d'une étrange opinion (Ac.1798-1878). Rem. On rencontre chez E. de Goncourt les néol. embéguinage et embéguinement, subst. masc. Fait d'être embéguiné. Le maigre profil de l'aveugle sort de l'embéguinage de ses coiffes chaudes (Mais. artiste, 1881, p. 136). Il sort de l'embéguinement de la carmélite un gros nez et deux yeux très vivants (Id., ibid., p. 147). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃begine]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Av. 1544 « coiffer d'un béguin » ici pronom. (Des Pér., Contes, CX ds Littré); 2. 1593 [éd.] « tourner la tête de quelqu'un, l'enticher » ici pronom. (Sat. Men., Har. de M. de Lyon, p. 115, ibid.); 1625 « endoctriner sottement » (G. Naudé, Apologie, p. 472, ibid.). Dér. de béguin*; préf. en-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 11. Bbg. Pohl (J.). Contribution à l'hist. de qq. mots. Fr. mod. 1963, t. 31, p. 300. |