| DUALITÉ, subst. fém. A.− Fait d'être double. Dualité intérieure, métaphysique, radicale; principe de dualité; poser, supprimer, surmonter une dualité. Anton. unité.Vers, prose, peu importait; le lyrisme domine cette dualité (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 275): Non, il n'est pas vrai que l'unité soit supérieure à la dualité et à la multiplicité quand la multiplicité et la dualité dérivent de l'unité et y demeurent unies.
Cousin, Hist. gén. de la philos.,t. 1, 1847, p. 195. − [Avec un compl. prép.] 1. [Compl. unique, prép. de, désignant une entité composite] Fait d'être constitué de deux composantes différentes (gén. opposées). Dualité de l'étendue, de l'être, des chambres. Comment expliquez-vous la dualité ou la duplicité de notre nature (Mérimée, Dern. nouv.,1870, p. 135).Une dualité de substance dans la personne humaine (Renan, Avenir sc.,1890, p. 8).Cette impression de la dualité de l'existence de son père (Bourget, Actes suivent,1926, p. 46). 2. [Compl. double introd. par de (...) et (...) de, parfois entre (...) et (...) entre; ou, plus rarement, compl. unique, au plur., prép. de] Existence séparée et souvent antagonique de (deux entités contiguës). Dualité du bien et du mal, du corps et de l'âme, du sujet et de l'objet. L'association et la coopération sont deux faits distincts, et si (...) les sociétés humaines deviennent de plus en plus des groupes de coopérateurs, la dualité des deux phénomènes ne s'évanouit pas pour cela (Durkheim, Division trav.,1893, p. 263).La vieille dualité entre l'auteur et le metteur en scène (Artaud, Théâtre et double,1938, p. 112).Le marxisme se propose de supprimer la dualité du social et du politique, de l'homme privé et du citoyen (J. Lacroix, Marxisme, existent., personn.,1949, p. 37). Rem. On rencontre parfois le compl. double adjoint au terme dualité, sans prép. Dualité hôpital-faculté. La dualité âme-sôma (Béguin, Âme romant., 1939, p. 97). B.− Spécialement 1. LING. ,,Trait distinctif de la catégorie du nombre indiquant la représentation de « deux » entités isolables par opposition à « plus de deux » entités (pluralité); elle est exprimée par le duel (en grec par exemple) ou par le pluriel (les yeux, les oreilles, en français).`` (Ling. 1972). 2. MATH. ,,Correspondance réciproque entre deux catégories d'objets mathématiques A et B, permettant de déduire d'une relation entre certains objets de A et de B, une relation analogue entre leurs correspondants respectifs dans B et A`` (Uv.-Chapman 1956). La dualité en géométrie projective n'est qu'un aspect de la dualité des espaces vectoriels (Bourbaki, Hist. math.,1960, p. 83). Prononc. et Orth. : [dɥalite]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1377 (N. Oresme, Le Livre du Ciel et du Monde, éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, II, 9, 97b-972, p. 382, 97); rare av. 1838 (Ac. Compl. 1842). Empr. au b. lat.dualitas, -atis « dualité ». Fréq. abs. littér. : 249. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 194, b) 95; xxes. : a) 310, b) 655. |