| DISGRACIER, verbe trans. A.− [Correspond à disgrâce A] Mettre une personne en disgrâce, lui retirer ses faveurs, ses bonnes grâces. M. de Pomponne, (...) qui avait paru d'abord si bien réussir, fut brusquement disgracié en novembre 1679 (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 5 1859, p. 49): On sait quel absurde prétexte prit l'empereur, à son retour, en plein conseil d'état, pour disgracier son ministre [Fouché] et le punir d'avoir sauvé la France sans lui.
Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1844, p. 139. B.− [Correspond à disgrâce A et B] Être disgracié de/ par la nature. Être défavorisé par la nature, manquer de grâce et d'attrait. − [En parlant d'une pers.] Si disgraciée de la nature soit-elle, il est rare qu'une femme atteigne à la laideur totale, absolue (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 303). − [En parlant d'une chose concr.] Une contrée bien disgraciée de la nature, bien abandonnée des hommes (Tharaud, An prochain,1924, p. 146). Prononc. et Orth. : [disgʀasje]. Le timbre ant., tendance normale en syll. inaccentuée, est donné ds DG, Passy 1914, Pt Rob., Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr. Les dict. plus anc. notent que la syll. est brève (cf. Fér. Crit. t. 1 1787). Seul Warn. 1968 transcrit [ɑ] post. d'apr. disgrâce. Le verbe est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1552 disgracier « priver des faveurs (de quelqu'un) » (G. Guéroult, Chron. des empereurs, 1, 56 ds Delb. Notes). Empr. à l'ital.disgraziare « id. », attesté dep. 1remoitié xves. (G. de Conti ds Batt.), dér. de disgrazia (disgrâce*). Desgracier « dire des paroles déplaisantes », attesté isolément au xves. [ms.] (Frère Laurent, Somme le Roi, éd. C. Bosser ds Romania, t. 24, p. 69), est prob. dér. de grâce*, préf. des-(dis-), dés. -ier. Fréq. abs. littér. : 9. Bbg. Sar. 1920, pp. 8-9. |