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DIMINUER, verbe.
I.− Emploi trans. [La diminution affecte l'obj.]
A.− [L'obj. désigne une chose mesurable]
1. Amoindrir par retranchement partiel, rendre moins important. Diminuer une dose, une quantité; diminuer le personnel d'une entreprise. Il faut encore diminuer, tronquer, décapiter d'un an l'enseignement secondaire (Péguy, Argent,1913, p. 1211).Ce qui avait permis d'augmenter le nombre des secteurs, en diminuant leur étendue (Joffre, Mém.,t. 1, 1913, p. 183).Quand Scali souriait, il avait l'air de rire et la gaieté, diminuant ses yeux, accentuait le caractère mulâtre de son visage (Malraux, Espoir,1937, p. 546):
1. ... si la compression extérieure du tronc (ceintures, corset) allonge la durée de l'inspiration, elle diminue d'autre part l'amplitude et augmente la fréquence des mouvements respiratoires. Baratoux, La Voix,1912, pp. 60-61.
2. Emplois spéc.
a) MAR. Diminuer de voiles. ,,Réduire la surface de la voilure exposée à l'action du vent`` (Bonn.-Paris 1971). J'aimais mieux que la conserve fût quelquefois obligée de diminuer de voiles pour nous attendre, que d'être exposée à tenir trop de toile dehors (Dumont d'Urville, Voy. Pôle Sud,t. 2, 1842).
b) MUS. Diminuer un intervalle. On peut augmenter un intervalle juste en y ajoutant un demi-ton et le diminuer en retranchant un demi-ton (Dupré, Harm. analyt.,t. 1, 1936, p. 10).
c) TRAVAUX D'AIGUILLE (notamment tricot). Réduire le nombre des mailles sur un rang de tricot ou de crochet. Diminuer 6 fois 1 maille tous les 7 cm (Écho de la mode,1975, no24, p. 12).
SYNT. Diminuer l'amplitude, la distance, la force, le poids, la pression, la quantité, la vitesse, le volume; diminuer la consommation, la dépense; diminuer graduellement, insensiblement, progressivement, rapidement, sensiblement; diminuer à mesure que, peu à peu, à vue d'œil; augmenter ou diminuer; croître et diminuer; diminuer de + indication de mesure. PARAD. a) Synon. abréger, alléger, amincir, atténuer, baisser, raccourcir, réduire, resserrer, restreindre, rétrécir. b) Anton. accentuer, accroître, agrandir, allonger, augmenter, élargir, grossir, intensifier, majorer, multiplier.
B.− Au fig.
1. [L'obj. désigne une chose non mesurable]
a) Amoindrir par atténuation, rendre moins fort, moins violent. Diminuer les misères. Synon. adoucir, apaiser, modérer, tempérer.Diminuer les douleurs que ma grand'mère avait autrefois ressenties (Proust, Sodome,1922, p. 758).Diminuer les souffrances des populations belges (Joffre, Mém.,t. 2, 1931, p. 195).
b) Rendre moins important, ôter de sa valeur à. Diminuer l'importance, l'intérêt, la portée; diminuer les chances, la puissance, les risques. Synon. limiter, restreindre.Il y en a qui rétrécissent et diminuent tous les sujets qu'ils traitent (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 2, 1863-69, p. 383).Elle défavorise par un côté l'émotivité en diminuant considérablement le danger (Mounier, Traité caract.,1946, p. 108):
2. Oscar entendit avec un vrai plaisir les plaisanteries de Georges sur le comte de Sérisy, car elles diminuaient (...) la gravité de sa faute... Balzac, Un Début dans la vie,1842, p. 459.
En partic.; rare [L'obj. désigne un prénom] Transformer en hypocoristique (sous une forme souvent abrégée). On imposait très souvent (...) les noms de Jean et de Jeanne aux nouveaux-nés. Et pour mieux approprier ces saints noms à la petitesse de l'enfance (...) on les diminuait en Jeannot et Jeannette (France, J. d'Arc,t. 1, 1908, p. 6).
2. [L'obj. désigne une pers.] Rabaisser la valeur morale, la dignité de. Diminuer un adversaire. Synon. abaisser, déconsidérer, déprécier, humilier.Au temps où je le voyais [Philippe], je trouvais en lui des soins de futilité, de frivolité qui le diminuaient un peu (Maurois, Climats,1928, p. 240):
3. [Renan] a voulu le rapprocher [le Christ] de nous au lieu de nous rapprocher de lui. Il l'a diminué en voulant faire de lui un aimable philosophe, et il l'a réduit à notre taille pour nous le rendre accessible. Green, Journal,1932, p. 90.
Emploi pronom. réfl. S'abaisser. Il se repliait sur lui, il s'analysait, il se rapetissait et se diminuait à plaisir (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 15, 1851-62, p. 29).Le soir tombe, les vais-je abandonner sur cette lande [les dieux locaux]? Je ne le peux pas, je ne le veux pas. Ce serait trop me diminuer, m'appauvrir (Barrès, Pitié églises,1914, p. 338).
II.− Emploi intrans. [La diminution affecte le suj.]
A.− [Le suj. désigne un inanimé abstr. ou concr.]
1. [Le suj. désigne une chose mesurable]
a) Devenir moins grand, moins nombreux, moins considérable. Synon. baisser, décroître, faiblir.Chaque nuit, mon troupeau d'un mouton diminue (Dumas père, Charles VII,1831, I, 1, p. 233).Chaude de fièvre, elle [une chatte] avait le nez sec, se couchait sur une console de marbre, et son lait diminuait (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 243).
b) Domaine écon.[Le suj. désigne une somme d'argent] Devenir moins élevé, plus petit. Les frais, les dépenses, les prix diminuent; diminuer de valeur. Synon. baisser.Le prix de l'hectolitre diminue depuis un an (Zola, Terre,1887, p. 84).
P. méton. [Le suj. désigne un produit] Devenir moins cher, moins coûteux. Pourquoi exportons-nous plus de vaches et pourquoi cependant le beurre diminue-t-il? (Giraudoux, Électre,1937, I, 3, p. 44).
2. [Le suj. désigne une chose non mesurable] Devenir moins important. Les douleurs diminuent. Synon. décliner, fléchir, tomber.Il faut que le délire diminue pour qu'elle s'aperçoive de ses souffrances physiques (Janet, Obsess. et psychasth.,1903, p. 51).Sa curiosité n'avait pas diminué de profondeur (Camus, Peste,1947, p. 1373):
4. Qu'il fait beau! le ciel est pur. Mon esprit prend essor et plane dans l'air tranquille. Tout à la fois je pense à la mort, et je ne puis me persuader qu'il ne me reste plus qu'un nombre limité d'étés à vivre. Ah! combien mes désirs ont peu diminué, et que j'aurai de mal à les réduire! je ne puis consentir à mettre au passé mon bonheur. Gide, Journal,1917, p. 632.
SYNT. Diminuer de diamètre, d'épaisseur, de grosseur, d'intensité, de moitié; diminuer en quantité, en volume; diminuer de jour en jour, tous les jours; la fièvre diminue; les forces, les jours diminuent.
B.− [Le suj. désigne une pers.] Perdre progressivement ses forces. Synon. baisser, décliner, dépérir, maigrir.Cet enfant dépérit, il diminue à vue d'œil (Ac.1835-1932).
Rem. [Emploi de l'auxil. avec diminuer affectant le suj.] a) L'emploi de avoir marque l'action ou un passé récent. La production et le commerce des fruits séchés ont diminué considérablement par rapport à l'avant-guerre (Boulay, Arboric. et prod. fruit., 1961, p. 32). b) L'emploi de être marque l'état résultant de l'action accomplie. Vers trois heures, descendu par le plus beau soleil à la rivière pour voir à quel point elle est diminuée par la sécheresse (Delacroix, Journal, 1854, p. 164). Le mal n'est pas diminué, mais augmenté chez celui d'où il procède (Weil, Pesanteur, 1943, p. 78). c) L'emploi du semi-auxiliaire aller + (en) diminuant indique le déroulement de l'action. Aller constamment en diminuant. Le nombre des vocations va diminuant (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 316). Les dommages infligés aux convois alliés allaient en diminuant (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 150).
Prononc. et Orth. : [diminɥe], (je) diminue [diminy]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1308 trans. « rendre moindre, réduire en quantité » (A N. JJ 40, fo71, rods Gdf. Compl.); 1370 diminué en pecunes (Oresme, Eth., 257 ds Littré); 1732 mus. quarte, quinte ... diminuée (Trév.); 1797 mar. diminuer les voiles (Voy. La Pérouse, t. 2, p. 20); 2. 1489-91 « rendre moins fort, affaiblir » (Ph. de Commynes, Mémoires, éd. J. Calmette, t. 1, p. 129 : nous sommes diminuez d'aage); 1588 intrans. « s'affaiblir » (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, livre III, chap. 9, p. 1056); 1842, juin « rabaisser moralement quelqu'un » (Michelet, Journal, p. 406 : je sens, en racontant cette triste histoire, que je suis diminué). Empr. au lat.diminuere, altération (par substitution de préf. de- > dis-) de dēminuere « amoindrir, affaiblir ». Fréq. abs. littér. : 2 296. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 176, b) 2 841; xxes. : a) 2 982, b) 2 884. Bbg. Glättli (H.). Vox. rom. 1952, t. 12, p. 387. − La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 100. − Quem. 2es. t. 4 1972.