| DÛMENT, adv. A.− DR., ADMIN. Comme il se doit (se devait); selon les règles, les formes requises par la loi. Être dûment averti, fait dûment constaté, formulaire dûment rempli. Synon. régulièrement, en due forme; anton. indûment.Aux miracles qui ne sont pas dûment constatés je suis peu crédule en effet (France, Orme,1897, p. 115): 1. Quant au mirage des chartes dûment scellées, dûment datées, la moindre expérience du présent suffit à le dissiper. Nul ne l'ignore : les actes notariés les plus régulièrement établis fourmillent d'inexactitudes volontaires...
M. Bloch, Apologie pour l'hist.,1944, p. 42. − Par antiphrase. Avec ce dé dûment poli, les sorties deviennent moins hasardeuses (Jeux et sp., 1968, p. 486). − Loc. adv. Bien et dûment. L'antiquaire (...) déclara net que le livre était à lui (...) qu'il l'avait bien et dûment acheté (France, Révolte anges,1914, p. 348). SYNT. a) [Pers.] Dûment accrédité, autorisé, habilité, qualifié, informé. b) [Chose] Dûment enregistré, justifié, vérifié. B.− P. ext. et au fig., fam. et légèrement iron. D'une façon convenable, comme il convient (avec idée d'abondance). Synon. bel et bien, comme il faut.Un dîner passable dûment arrosé (Verlaine,
Œuvres compl.,t. 4, Mes hôp., 1891, p. 338).À Montigny une élève n'assisterait pas à une distribution de prix (...) sans être dûment frisée ou ondulée (Colette, Cl. école,1900, p. 268): 2. ... sur les flancs, gambadait (...) le fanatique Pascalon, sa bannière dûment empaquetée et roulée pour éviter les scènes tumultueuses de la veille.
A. Daudet, Tartarin sur les Alpes,1885, p. 161. − Loc. adv. Bien et dûment. Incontestablement. Quoiqu'il fût bien et dûment quadragénaire, du Bousquier se produisit comme un garçon de trente-six ans (Balzac, Vieille fille,1836, p. 276). Prononc. et Orth. : [dymɑ
̃]. Ds Ac. 1694, s.v. dûement; ds Ac. 1718, s.v. deuement, qui est l'anc. forme, sans aucune contraction. L'accent circonflexe de l'orth. mod. : dûment (Ac. 1762-1932) est la trace de ces contractions. Buben 1935, § 58 souligne que les étrangers ont tendance à allonger, à tort, la syll. sous l'influence de cet accent. On rencontre ds la docum. la graph. anc. duement (cf. Stendhal, Souv. égotisme, 1832, p. 32; Quinet, Allem. et Ital., 1836, p. 100). Étymol. et Hist. 1331 deuement « en bonne et due forme » (Actes Normands de la Chambre des Comptes sous Philippe de Valois, éd. L. Delisle, p. 28 ds IGLF). Dér. de dû* (a. fr. deu); suff. -ment2*. Fréq. abs. littér. : 183. Bbg. Barb. Misc. 29 1944-52, pp. 424-426. − Bastin (J.). Adv. de manière. In : Nouv. glanures gramm. Riga, 1907, pp. 26-30. |