| DOSE, subst. fém. A.− Domaine concr. 1. Quantité précise d'une substance. a) MÉD., PHARM. − Quantité précise de médicament − généralement exprimée par le poids ou la mesure − qui doit être administrée à un malade. Une forte dose d'hormone ovarienne, de quinine. Moins épuisé que ma sœur, je supportai la dose énorme de sulfate de quinine qui me fut administrée (Renan, Ma sœur,1862, p. 75).Il ne se repentait pas d'avoir pris une telle dose de morphine et de cocaïne (Arland, Ordre,1929, p. 476). SYNT. Prescrire, fixer une dose; administrer, servir une dose; recevoir, avaler, absorber, prendre une dose; calculer, évaluer, étudier la dose; mesurer, délayer une dose; doubler, dépasser, forcer la dose; renouveler, fractionner la dose; agir à dose infinitésimale, maximale; une dose moyenne, infime, minime, excessive, mortelle; à dose homéopathique; à haute, à petite, à légère, à très faible dose; à dose modérée, massive; une dose d'un gramme, de dix grammes; ne pas dépasser la dose prescrite. ♦ Spéc. Quantité précise de médicament administrée au malade en une fois. Verser la dose dans son verre à dents. Prendre un médicament en plusieurs doses (Rob.).Les nouvelles doses de digitaline paraissent un peu plus efficaces (Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p. 1001). SYNT. Se tromper sur les doses; prendre (du laudanum) en doses; ordonner (un médicament) à grandes doses, par petites doses, à doses répétées; une dose journalière, habituelle; une nouvelle dose de ce remède; une deuxième dose de sérum; une lourde dose de soporifique. − [Dans le cas d'un médicament composé] Quantité précise d'un ou des éléments constituants. À doses égales, inégales; comporter une certaine dose de (qqc.). − Spéc. Quantité de drogue prise en une fois. Se procurer la dose; mourir d'une dose excessive (cf. l'anglicisme overdose). Lorsqu'il vient de prendre sa dose, il semble vivre (Veuillot, Odeurs de Paris,1866, p. 277). b) RADIOL., NUCL. Quantité d'irradiation reçue par un organisme ou une zone de l'organisme. Dose d'irradiation; dose de rayonnement naturel, de radiation naturelle; dose d'exposition; dose absorbée, cumulée, intégrale; dose de tolérance. Un troisième facteur est la durée de l'irradiation : une dose massive distribuée en un temps très court est beaucoup plus dangereuse que la même dose étalée pendant une longue période (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 217). 2. P. ext. Quantité quelconque d'une substance. a) Proportion (d'un élément) dans un mélange quelconque. La dose d'albumine; la dose de poivre et de sel. Insensiblement on colora le liquide et on diminua la dose de sucre (Pergaud, De Goupil,1910, p. 251). b) Quantité quelconque (d'une substance absorbée). Une dose de liqueur; une bonne, une honnête dose d'armagnac; doubler la dose d'alcool. Le fait est qu'une des manies du brave Risler est de manger lentement, d'allumer sa pipe à table en savourant son café à petites doses (A. Daudet, Fromont jeune,1874, p. 89): 1. C'est plaisir de l'entendre [Jefferson] lui-même raconter l'ordonnance et l'emploi de ses heures, son hygiène habituelle, et jusqu'à la dose de vin qu'il se permettait.
Sainte-Beuve, Premiers lundis,t. 2, 1869, p. 138. − P. anal. Une (bonne) dose de sommeil, de musique. Loc. S'en payer une bonne dose (cf. Aragon, Rom. inach.,1956, p. 215). B.− Au fig. Quantité quelconque (d'une qualité, d'une caractéristique comparée à une substance dosée). Une nouvelle dose de courage. − Il est bon, leur disait-elle, de commencer ainsi la journée par une dose de tendresse qui parfume les actions jusqu'au soir (Maurois, Ariel,1923, p. 151).Je ne suis pas ennemie de la religion, en doses raisonnables (Green, Chaque homme dans sa nuit,1960, p. 53): 2. − Pauvre cousine! dit la baronne. (...) Lisbeth, qui se méprit au sens de cette exclamation, y vit le dédain moqueur de la parvenue, et sa haine acquit une dose formidable de fiel...
Balzac, La Cousine Bette,1846, p. 123. SYNT. Une petite dose d'attention, de rancune, d'épouvante; une grande dose d'orgueil; une certaine dose d'amour-propre, de bêtise, de critique, de finesse, d'imagination, de mysticisme, de persévérance, de vulgarité; une dose d'affection, de méchanceté, de malice, de naïveté, de mélancolie, de vanité, de sensibilité; une légère dose de fatuité; une forte dose de crédulité, de dissimulation, d'hypocrisie, d'ironie, de sensualité; une large dose de désintéressement; une triple dose de timidité; épuiser sa dose de patience. − Locutions ♦ Forcer la dose. Exagérer. Tu as pris tes cachets? Cela ne t'a pas fait mieux dormir? Un peu mieux. Bon. Continue, mais ne force pas la dose (Arland, Ordre,1929, p. 536). ♦ Avoir sa dose. Être ivre (cf. Delesalle, Dict. arg.-fr. et fr.-arg., 1896, p. 95). Prononc. et Orth. : [do:z]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1370 méd. (Guy de Chauliac, La Grande chirurgie d'apr. Sigurs, p. 59 et 558); 2. 1671 fig. quelque petite dose d'amour (La Fontaine, Contes et nouvelles, 4epart., Le Diable de Papefiguière, éd. H. Régnier, t. 5, p. 356). Empr. au lat. médiév.dosis « dose » (1252 ds Latham) gr. δ
ο
́
σ
ι
ς « action de donner » p. méton. terme de méd. « ce qu'on donne, portion, dose ». Fréq. abs. littér. : 504. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 612, b) 881; xxes. : a) 452, b) 876. Bbg. Arveiller (R.). R. Ling. rom. 1972, t. 36, p. 227. − Gohin 1903, p. 364. − Quem. 2es. t. 2 1971. − Rog. 1965, p. 110. |