| DÉSHABITER, verbe trans. Rare A.− Cesser d'habiter. Il est sous le mont de Dieu et tout près de son trône une grotte qu'habitent et déshabitent tour à tour la Lumière et les Ténèbres en perpétuelle succession (Chateaubr., Paradis perdu,1836, p. 5). − Emploi pronom. à valeur passive. Le canal de Mahmoudieh, en reliant le Nil à Alexandrie, a attiré dans cette dernière ville presque tout le commerce actif du delta, et Rosette s'est déshabitée peu à peu (Du Camp, Nil,1854, p. 22). B.− Au fig. Abstraire son esprit (de) : Je pense aujourd'hui qu'il n'est pas bon (j'allais dire : honnête) de déshabiter ainsi les misères de notre terre, comme certains mystiques font dans un rêve de vie future, et cet échappement au réel m'apparaît une sorte de désertion.
Gide, Geneviève,1936, p. 1365. Rem. On rencontre chez Larbaud (Journal, 1934, p. 327) le subst. fém. déshabitation au sens de « action de ne plus habiter (à un endroit); résultat de cette action ». Ce programme tend à effacer toutes les traces de la déshabitation plus ou moins complète des années 1929-1931. Prononc. et Orth. : [dezabite], (je) déshabite [dezabit]. N'est plus en usage d'apr. Ac. 1718-1878 qui le traite, s.v. déshabité (adj.). Étymol. et Hist. Ca 1165 adj. (B. de Ste-Maure, Troie, 12380 ds T.-L.); 1395 deshabiter (un lieu) « rendre inhabitable » (Voyage de Jérusalem du S. d'Anglure, 24, ibid.). Dér. de habité, habiter*; préf. dé(s)-*. Fréq. abs. littér. : 1. Bbg. Arveiller (R.). R. Ling. rom. 1971, t. 35, p. 219. |