| DÉSAPPRENDRE, verbe trans. A.− Oublier ce que l'on a appris par l'étude ou l'expérience. D'autre part [dans les opéras], les chanteurs ont désappris à dire le récitatif (Saint-Saëns, Harm. mélod.,1885, p. 179): Il est fort heureux qu'en général les agriculteurs et les bergers n'aient pas désappris les anciennes méthodes de chasse et de pêche.
Lowie, Manuel d'anthropol. culturelle,1936, p. 32. − Rare, emploi pronom. réfl. à valeur passive. [Le suj. désigne une chose] Le « candidat » est arrêté par la grippe de Delannoy! Il a dit à Émile (qui vient d'aller chez lui) qu'il espérait reprendre les répétitions mercredi ou jeudi; je n'en sais pas plus! La pièce se désapprend. C'est déplorable (Flaub., Corresp.,1874, p. 120). B.− P. ext. Perdre l'habitude de (faire) quelque chose (qui en général a son prix). Désapprendre à/de dormir. La pratique des affaires désapprend les grandes théories (Claudel, Corresp.[avec Gide] 1899-1926, p. 117).Les spectateurs ont désappris de voir avec l'œil de l'appareil de prise de vues; tandis qu'ils n'ont pas encore appris à entendre avec l'oreille de l'appareil de prise de sons (Arts et litt.,1936, p. 3402). − P. anal., dans la langue cultivée, poétique. Désapprendre le bonheur; désapprendre d'être aimé. Dans un an n'aurai-je pas oublié de m'exalter, désappris de désirer (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1906, p. 118).Oui, maintenant ta vie est à ce prix. Il te faudrait, pour la supporter, non seulement oublier l'amour, mais désapprendre qu'il existe (Musset, Confess. enf. s.,1836, p. 362). Prononc. et Orth. : [dezapʀ
ɑ
̃:dʀ
̥], (je) désapprends [dezapʀ
ɑ
̃]. Ds Ac. 1694-1798 puis 1878 et 1932. Conjug. cf. apprendre et prendre. Étymol. et Hist. 1erquart xiiies. desapris « qui a oublié ce qu'il sait » (Reclus de Molliens, Carité, 139, 2 ds T.-L.); 1erquart xiiies. « faire oublier » (Id., Miserere, 124, 7, ibid.). Dér. de apprendre*; préf. dé(s)-*. Fréq. abs. littér. : 45. |