| DÉSABUSEMENT, subst. masc. Action de désabuser; effet de cette action. A.− [En parlant d'un certain discernement dans la vie intellectuelle, affective] Qui ne se laisse pas abuser, jouer par les illusions; qui déjoue les erreurs. Le désabusement des passions. Imitation. − C'est le livre du désabusement (Barrès, Cahiers,t. 5, 1906-07, p. 278): 1. La réalité leur apparaît comme sous un jour de féérie, transformée qu'elle est par la magique vertu de l'imagination. Rien qui s'éloigne davantage de l'état d'esprit, tout composé de désabusement et de lucidité, auquel doit se mettre d'abord l'observateur.
Bourget, Essais de psychol. contemp.,1883, p. 214. 2. Ainsi naquit entre lui [Bernard] et nous (...) cette amitié parfaitement échangée, parfaitement mutuelle, parfaitement parfaite, nourrie de la désillusion de toutes les autres, du désabusement de toutes les infidélités.
Péguy, Notre jeunesse,1910, p. 82. B.− [En parlant d'une certaine déception des expériences vécues] Amertume, dégoût. Le désabusement, le découragement, le doute m'ont réduit à l'apathie et aux enfantillages (Amiel, Journal,1866, p. 220).« Le désabusement d'un blasé, qui corrompt toute candeur » (Montherl., Filles,1936, p. 1070): 3. Peut-être sa pauvre mère, qui avait beaucoup souffert, lui avait-elle inoculé son désabusement acerbe et sa secrète amertume. (...) Son âpre scepticisme tout bardé de soupçons injurieux et de préventions profondes, ne mériterait que la froideur et le silence;...
Amiel, Journal,1866p. 353. Prononc. et Orth. : [dezabyzmɑ
̃]. Ds Ac. 1762 puis 1932. Étymol. et Hist. 1675 (Bonhours, Remarques nouvelles sur la lang. fr. ds Littré). Dér. de abuser*; préf. dé(s)*-; suff. -ment1*. Fréq. abs. littér. : 23. |