| DÉRÉLICTION, subst. fém. Littér. Solitude morale, en particulier par rapport à Dieu. L'angoisse de Gethsémani (...) la déréliction suprême (Bloy, Désesp.,1886, p. 237).Noël terrible. Tristesse énorme, croupissement de tristesse noire (...). Sensation d'une solitude, d'une déréliction effroyables (Bloy, Journal,1900, p. 45):... à lui de nouveau le ponton sous ses pieds qui oscille et l'échelle au flanc noir des transatlantiques! à lui le quai pendant que le train s'ébranle (...)! À lui l'absence de nouveau revêtue et cette déréliction entre le buffet et la marchande de journaux comiques, ...
Claudel, La Messe là-bas,1919, p. 498. − P. méton., au plur., rare. Cas ou moment de solitude morale. Il [Jésus] a subi le délaissement de son père, l'abandon de Dieu, la sécheresse et le désert des dérélictions absolues : cette croix sur la croix, cette mort dans la mort (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 474). Prononc. : [deʀeliksjɔ
̃]. Étymol. et Hist. 1ertiers du xvies. « abandon » (Fossetier, Chron. Marg., ms. Brux. 10511, VI, I ds Gdf.); 1606 philos. et relig. « état d'abandon moral » (St François de Sales,
Œuvres complètes, pp. les religieuses de la Visitation d'Annecy, t. XIII, p. 200). Empr. au lat. class. derelictio « abandon ». Fréq. abs. littér. : 23. |