| DÉPUTÉ, subst. masc. A.− Personne envoyée pour représenter une autorité physique ou morale auprès d'un gouvernant, d'une collectivité, avec une mission particulière à remplir. Jean Maillart et les bourgeois parisiens (...) envoyèrent des députés au régent qui reprit possession de la ville (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 100): 1. Ils [les corps de métiers] demandaient même des représentants du peuple à eux, lesquels n'auraient parlé que pour eux! Tout comme les députés de la betterave ne s'inquiètent que de la betterave!
Flaubert, L'Éducation sentimentale,1869, p. 214. − [P. anal. de fonction] :
2. − Et moi donc? ... s'écria la malade d'un son de voix câlin (...). Monsieur Godefroid est pour moi le député du monde... Depuis l'âge de vingt ans, monsieur, je n'ai plus su ce que c'était qu'un salon, une soirée, un bal...
Balzac, L'Envers de l'hist. contemp.,L'Initié, 1848, p. 407. B.− Spécialement 1. Personne chargée de représenter une collectivité, généralement une nation, dans une assemblée délibérante. Les députés du clergé, de la noblesse et du tiers état aux États généraux (Ac.1835-1932).Député à l'Assemblée Constituante, il y fit plusieurs rapports sur les biens du clergé (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 722). 2. Dans les régimes parlementaires, personne élue pour représenter le peuple à la seconde assemblée législative. Monsieur le député; député sortant; les sénateurs et les députés. Il peut être député au Reichstag comme au Palais-Bourbon (Barrès, Cahiers,t. 10, 1913-14, p. 71): 3. C'était un de ces beaux soirs de mars où le soleil n'est pas encore soutenu une heure de plus au-dessus de l'horizon par les députés ouvriers...
Giraudoux, Siegfried et le Limousin,1922, p. 21. SYNT. Député socialiste, jeune député; député d'un arrondissement, mandat de député; élection des députés; devenir, être élu, nommé député. ♦ [En France] Chambre des députés (cf. chambre II B 2 a). Rem. 1. Le subst. fém. députée est peu usité. Il a servi à désigner autrefois, avec une nuance péj. ou iron., l'épouse d'un député (cf. Mérimée, Lettres ctesse de Montijo, t. 2, 1870, p. 185). Pour désigner une femme élue à la seconde assemblée législative, on dit généralement : une femme député, MmeX... député; l'emploi fém. en ce sens est considéré comme fam. (cf. Janin, Fr. peints par eux-mêmes, Le Bas bleu, t. 5, 1842, p. 226; cf. aussi Thomas 1956, Dupré 1972). 2. Le subst. député entre dans la compos. de certains mots pour désigner soit une personne alliant la fonction de député à une autre, soit une personne suppléant à une autre. a) Personne ayant deux fonctions. Député-avocat (cf. Bourget, Actes suivent, 1926, p. 114); député-maire (cf. De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 59). b) Adjoint, suppléant de quelqu'un dans certains pays anglo-saxons.
α) Député-arpenteur. Les uns sont mes députés-arpenteurs, les autres des apprentifs (Crèvecœur, Voyage, t. 3, 1801, p. 168). Sens attesté comme canadianisme par Canada 1930, Bél. 1957, pouvant vraisemblablement être donné à ce mot composé dans cet exemple bien que le récit se déroule dans le Nord-Est des États-Unis.
β) Député-vicomte. Suppléant du vicomte, à Jersey (cf. Hugo, Travaill. mer, 1866, p. 235). Littré, repris en partie par Guérin 1892, cite d'autres suppléants de fonctionnaires dans les îles Anglo-Normandes dont les appellations sont formées à partir de député : député-prévôt, député-greffier à Guernesey par exemple. Prononc. et Orth. : [depyte]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. xives. depputé « celui qui est chargé d'une mission » (Ordonn. ds Dochez, Nouv. dict. de la lang. fr., Paris); 1393 (ds Denifle, Univ. franc. au moyen âge, p. 51 d'apr. DG); 2. 1748 député « celui qui est élu pour participer aux délibérations d'une assemblée » (Montesq., Espr. des lois, XI, 6 ds DG). Empr. au b. lat. deputatus « délégué » part. passé de deputare (députer*). Fréq. abs. littér. : 2 717. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 6 144, b) 3 437; xxes. : a) 4 580, b) 1 714. |