| DÉPRÉCIATION, subst. fém. Action de déprécier, fait d'être déprécié. A.− 1. [En parlant d'un bien quelconque] État d'une chose qui a perdu de sa valeur, perte de valeur (d'une chose). S'il les [les meubles de la succession] représente en nature, il n'est tenu que de la dépréciation ou de la détérioration causée par sa négligence (Code civil,1804, art. 805, p. 147): 1. ... nous assistons aujourd'hui à une précoce caducité de cette dernière [la fortune industrielle], à une sorte de dépréciation rapide, car il est certain que le taux s'avilit, que le cinq pour cent normal n'est plus atteint...
Zola, L'Argent,1891, p. 93. 2. ÉCON., POL. a) [En parlant de la monnaie] Perte de valeur. Les dévaluations de 1949 ont sanctionné une dépréciation de fait des monnaies européennes par rapport au dollar, après que l'inflation héritée de la guerre eût été généralement résorbée (Univers. écon. et soc.,1960, p. 3815): 2. ... la valeur propre de l'argent a décliné dans la proportion de six à un. Si, par suite de la dépréciation de l'argent, sa valeur relativement au blé est devenue six fois moindre, il ne faut pas croire qu'elle ait changé dans la même proportion relativement à toutes les autres marchandises.
Say, Traité d'écon. pol.,1832, p. 338. b) [En parlant de pers.] Abaissement du niveau de vie. Les améliorations concrètes obtenues par l'effort ouvrier ne compensent qu'imparfaitement la dépréciation concrète que subit la vie ouvrière par la loi de la production bourgeoise (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. XLI). B.− Au fig. Déconsidération, perte de valeur que subit une chose, plus rarement une personne. Je fis valoir la dépréciation inévitable que subirait la jeune personne après le bruit d'une pareille affaire; car on ne croirait jamais à un simple baiser (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Cochon de Morin, 1882, p. 848): 3. L'égocentrisme bloque la vie du moi sur l'image du moi (...); nous ne pouvons nous empêcher d'être sourdement irrités par cette immobilisation contrainte, elle éveille une surestimation compensatrice de l'image du moi, et une dépréciation de toute valeur qui se présente en dehors de nous. Tel est le processus commun de l'orgueil.
Mounier, Traité du caractère,1946, p. 688. Prononc. et Orth. : [depʀesjasjɔ
̃]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1771 (J. J. Schmidlin, Catholicon d'apr. Behrens ds Z. fr. Spr. Lit., t. 23, p. 24). Dér. du rad. de déprécier*; suff. -(a)tion*. Fréq. abs. littér. : 76. Bbg. Gohin 1903, p. 266. |