| DÉPLUMER, verbe trans. A.− Emploi trans. 1. [L'objet désigne un oiseau] Lui enlever les plumes. Il a déjà tué une caille, déplumé une perdrix (Renard, Poil carotte,1894, p. 239). 2. [P. anal. de nature, de fonction avec les plumes d'un oiseau] Gén. p. plais., iron. ou fam. Dépouiller. a) [Le compl. désigne un végétal] La bise les déplume [les hêtres] (La Varende, Normandie en fl.,1950, p. 219). b) [Le compl. désigne une pers.] Si M. le curé des Aires m'a mis son habit sur les épaules et le bourdon à la main, il a le pouvoir de me déplumer de tout cela (Fabre, Barnabé,1875, p. 91). − En partic. Dépouiller quelqu'un de ses cheveux. C'était Samson, le fléau des Philistins, déplumé par l'astucieuse Dalilah! (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 360). B.− Emploi pronom. 1. [À propos d'oiseaux] a) Rare, sens réciproque. [Le suj. désigne des oiseaux] S'arracher mutuellement les plumes. Ces oiseaux se déplument les uns les autres à coups de bec (Ac.1835-1932). b) Sens passif. [Le suj. désigne un oiseau ou une partie de son corps] Perdre ses plumes. Les oiseaux se déplument quand ils muent (DG). − Dans un cont. métaph. : Modeste remarqua la préoccupation continuelle de l'homme d'esprit cherchant une pointe pour faire rire (...) un compliment pour flatter ces hautes puissances parmi lesquelles Melchior voulait se maintenir. Enfin là, ce paon se dépluma.
Balzac, Modeste Mignon,1844, p. 290. 2. P. anal. a) Sens passif, gén. plais., iron. ou fam. − [Le suj. désigne une pers. ou une partie de son corps] Perdre ses cheveux. Des lueurs d'acier dans ses yeux de blond qui se déplume (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 256). − [Le suj. désigne une pers. ou une chose concr.] Perdre ses biens, devenir pauvre. Notre stock en boutique, (...) C'était presque plus montrable (...) On se déplumait jour après jour (Céline, Mort à crédit,1936, p. 118).Notre salon se déplumait... Les bibelots sont barrés d'abord (Céline, Mort à crédit,1936p. 314). b) Sens réfléchi, arg. [Le suj. désigne une pers.] Sortir de son lit, de son plumard. C'est c'cochon de pépère qui met les autres en retard. (...) il ne peut pas s'déplumer, l'matin, l'pauv'petit (Barbusse, Feu,1916, p. 25). Prononc. et Orth. : [deplyme], (je) déplume [deplym]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1265 « dégarnir de ses plumes un oiseau vivant » (Brunet Latin, Trésor, éd. F. J. Carmody, p. 149); 2. fin xives. fig. part. passé adj. desplumez « chauve » (E. Deschamps,
Œuvres, éd. Queux de St Hilaire, V, 47); 3. 1490 fig. « dépouiller, ruiner » (Dialogue de Gautier et Martin, éd. P. Aebischer, 97 ds Revue du XVIes., t. 11, p. 168). Dér. de plume*; préf. dé-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 9. Bbg. Darm. 1877, p. 134. |