| DÉPLISSER, verbe trans. A.− Effacer des plis, des faux plis sur une étoffe, une matière souple, un objet fait d'une telle matière; étirer ce qui forme des plis, des ondulations. Il regarda complaisamment sa taille mince, en déplissant son habit (Balzac, Goriot,1835, p. 159).Elle savait, mieux que personne, arranger un oreiller, déplisser un drap avec la paume de la main (Duhamel, Cécile,1938, p. 268): 1. En déplissant par la pensée les chaînes de montagnes actuelles d'origine alpine, on étend considérablement les surfaces émergées : l'Himalaya déplissé rapproche l'Inde de Madagascar de 2 à 3 000 kilomètres...
Combaluzier, Introd. à la géol.,1969, p. 140. ♦ Emploi pronom. réfl. Il a entendu, sous les élytres soulevés, se déplisser les ailes transparentes (Faure, Hist. art,1912, p. 213).Un éventail argenté qui se déplisse comme un papillon au clair de lune (Montesquiou, P. Hellen,1913, p. 23)à sens passif : 2. Elle [madame Tim] était vêtue à l'opulente d'une robe de bure, avec des fonds énormes qui se plissaient et se déplissaient autour d'elle à chaque pas, le long de son corps de statue.
Giono, Un Roi sans divertissement,1947, p. 102. − P. métaph. : 3. [Fléchier] (...) un disciple compassé de Balzac, qui développe et déplisse lentement sa pensée, et ne fait grâce d'aucune des broderies qu'elle renferme.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 15, 1851-62, p. 411. B.− P. anal. [En parlant d'une partie du visage] Effacer des plis formés par la peau : 4. Il y a là... Georges Duval... un monocle à l'œil, la joue droite que plisse et déplisse un tic éternel...
Bernanos, La Grande peur des Bien-Pensants,1931, p. 246. ♦ Emploi pronom. à sens passif : 5. Il n'avait pas le front d'un homme qui va se laisser importuner. Et, soudain, ce front hargneux se déplissa, comme par magie, pour se replisser d'autre manière.
Duhamel, Chronique des Pasquier,La Passion de Joseph Pasquier, 1945, p. 231. − P. métaph. (cf. dérider). Tu m'en envoyais une [lettre] assez facétieuse, qui m'a fait rire et m'a déplissé le front (Flaub., Corresp.,1844, p. 148). ♦ Emploi pronom. réfl. C'était une âme [celle de Péguy] qui se déplissait vite, qui ne restait pas longtemps ridée (Tharaud, Péguy,1926, p. 208). − P. ext. Étirer (sans qu'il y ait de plis) : 6. ... il souriait faiblement aux Verdurin, sans prendre la peine d'ouvrir la bouche, en déplissant seulement un coin de lèvres, ...
Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, p. 921. Prononc. et Orth. : [deplise], (je) déplisse [deplis]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1606 desplisser (Crespin, Trésor des trois langues, s.v. desplegar). Dér. du rad. de plisser*; préf. dé-*. Fréq. abs. littér. : 23. DÉR. Déplissement, subst. masc.Action de déplisser. Les plissements et déplissements du corsage dans le creux de la taille (Montherl., Pte Inf. Castille,1929, p. 656).− 1reattest. 1606 desplissement (Crespin, Trésor des trois langues, s.v. desplegadura); du rad. de déplisser, suff. -(e)ment1*. − Fréq. abs. littér. : 2. |