| DÉNICHER1, verbe. A.− Emploi trans. 1. [L'accent est sur le fait de retirer quelqu'un ou quelque chose d'un lieu occupé] a) Ôter, faire sortir du nid. Dénicher une couvée, des oiseaux, des œufs. − P. ext. Ôter un nid de l'emplacement qu'il occupe. Il va là-haut dénicher les vieux nids d'hirondelles (Renard, Journal,1906, p. 1083). b) P. anal. − [L'obj. désigne une pers.] Faire sortir (par force) quelqu'un du lieu qu'il occupe (cf. débusquer, déloger). Il aborde à Malte, déniche la vieille chevalerie retirée dans le trou d'un rocher marin (Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 338).Une jeune fille ne pourrait-elle (...) dénicher le monstre, le surprendre au gîte, l'apercevoir! (Cocteau, Machine infern.,1934, II, p. 73). − [L'obj. désigne une chose] Retirer une chose du lieu qu'elle occupe. Michel Leiris (...) armé d'une épingle, allait dénicher la poussière dans les rainures du plancher (Bachelard, Poét. espace,1957, p. 134). 2. P. méton. fig. et fam. [L'accent est sur le fait d'atteindre le lieu occupé] . Découvrir à force de recherches l'endroit où se cache une personne ou une chose. Montagnards ibères dont nous n'avons jamais pu dénicher la retraite (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 286). − En partic. Découvrir pour son usage une personne ou une chose bien cachée, et de ce fait difficile à trouver. Dénicher un appartement, un (bon) coin, un (bon) restaurant; dénicher un livre; dénicher un renseignement. Un policier au nez subtil dénicha le sac d'or (Van Der Meersch, Invas. 14,1935, p. 148): 1. ... pourquoi ne faites-vous pas d'élèves?
− Des élèves! Mais où dénicher des gens qui consentent à travailler pendant vingt années, sans profit et sans gloire?
Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, p. 230. B.− Emploi intrans. [L'obj. du verbe trans. devient suj. d'un verbe subjectif] 1. Quitter son nid. Les oiseaux, en dénichant, avaient emporté jusqu'à la paille de leur nid (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 411). 2. Au fig. Se retirer avec précipitation d'un lieu où l'on était tranquillement établi (cf. décamper, déguerpir) : 2. ... je le priai de me laisser dans mon trou; j'en étais déjà tout charmé comme un moine de sa cellule. M. le préfet se refusa à mes instances, et il me fallut dénicher.
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 4, 1848, p. 89. − Fig. et fam. Les oiseaux ont déniché; les oiseaux sont dénichés. Des personnes se sont échappées du lieu où l'on s'attendait à les trouver. Le matin, quand le mari s'éveilla, il était seul... L'oiseau était déniché (Ponson du Terr., Rocambole,t. 2, 1859, p. 67): 3. Les voyageurs, (...) parlaient politique : « ce scélérat de Chateaubriand », disait l'un d'eux, n'est pas si bête! Depuis trois jours, sa voiture était chargée dans sa cour : l'oiseau a déniché. Ce n'est pas l'embarras, si Napoléon l'avait attrapé! ...
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 2, 1848, p. 585. Prononc. et Orth. : [deniʃe], (je) déniche [deniʃ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1131 fig. pronom. desnichier « partir, se retirer d'un lieu » (Le Couronnement Louis, 1985 ds T.-L.); ca 1382 trans. « débusquer » (Cuvelier, Chron. de Bertrand du Guesclin, éd. E. Charrière, 17479); 2. 1erquart du xiiies. trans. « enlever du nid » (Reclus de Molliens, Carité, 175, 11 ds T.-L.); 1704 intrans. « abandonner son nid » (Trév.); 1775 fig. trans. « enlever une jeune fille » (Beaumarchais, Barbier, I, p. 425); 3. fin du xviies. « découvrir quelqu'un ou quelque chose » (Saint-Simon, Mémoires, 16, 189 ds Littré). Dér. de nid* (d'apr. nicher*); préf. dé-*. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, pp. 81-82; p. 364. |