| DÉNATURATION, subst. fém. Action de dénaturer. A.− [S'applique à une réalité matérielle] La dénaturation [du sucre] se fait aux jours et heures fixés par les agents de la régie (Boullanger, Malt., brass.,1934, p. 79). 1. BIOCHIM. Réarrangement d'une protéine, d'une substance protéique native par des procédés physiques ou chimiques. En 1866, Korber et Von Kruger constatèrent que l'hémoglobine du fœtus est plus résistante à la dénaturation alcaline que celle de l'adulte (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 611). 2. CHIM. et PHYS. NUCL. Opération par laquelle on dénature le combustible d'un réacteur en y incorporant certains isotopes, pour en ralentir la fission; traitement thermique opéré sur les résidus de fission et destiné à en réduire l'activité. Cette notion de dénaturation fut abandonnée rapidement en raison des progrès réalisés dans le domaine militaire permettant sans doute l'utilisation du plutonium, même assez riche en isotope 240 (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 66). B.− [S'applique à une entité abstr.] Dans cette société individualiste la propriété individuelle subit un refoulement incessant et une incessante dénaturation (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. LVI). Rem. Le terme peut aussi s'appliquer à une personne, à un aspect de l'être humain, et désigner la « perte pour l'homme de l'état de nature ». Dira-t-on avec Rousseau que ce passage de l'état de nature à l'état civil, de la psychologie à la sociologie ne peut se produire continûment, mais qu'il implique une dénaturation de l'homme (Vuillemin, Être et trav., 1949, p. 113). Prononc. et Orth. : [denatyʀasjɔ
̃]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1. 1847 « action de rendre un produit impropre à la consommation » (Besch. Suppl.); [av. 1865 (Proudhon, s. réf. ds Lar. 19e)]; 2. 1859 « action de dénaturer » (A. Peschier, Suppl. au dict. complet des lang. fr. et all. de Mozin); 1865 (Proudhon, Pornocratie, p. 257 : la dénaturation de la famille); 3. 1959 nucl. (Pir. Atom.). Dér. du rad. de dénaturer*; suff. -(a)tion*. Fréq. abs. littér. : 3. |