| DÉMARQUER, verbe. A.− Emploi trans. 1. Ôter une marque faite sur un objet. a) Enlever à un objet la marque (chiffres, initiales...) qui indique le propriétaire. Démarquer de l'argenterie : 1. Ah! que je serais plus sage, se disait-il, de démarquer mon linge, et d'aller dans quelque forêt solitaire, à vingt lieues de Paris, finir cette exécrable vie! Inconnu dans le pays, ma mort serait cachée pendant quinze jours, et qui songerait à moi après quinze jours!
Stendhal, Le Rouge et le Noir,1830, p. 414. − Spéc., COMM. Enlever le prix marqué sur un article pour le solder. Pendant les soldes actuels Articles de stock démarqués Réduction 50 % gaines − ceintures (Le Figaro,19-20 janv. 1952, p. 2, col. 2). b) Enlever la marque servant de point de repère. Démarquer un livre. En retirer le signet ou tout autre marque destinée à attirer l'attention. − P. ext.
α) Dans un jeu.,,Retrancher les points qu'on a marqués`` (Ac. 1932). ♦ En partic. Perdre tous ses points quand l'adversaire en prend un ou plusieurs (cf. Littré). Jouer à démarquer. Partie de billard à démarquer (DG). Monsieur, lui dis-je pendant qu'il me donnait des cartes, auriez-vous la complaisance de démarquer? (Balzac, Aub. rouge,1831, p. 307).
β) SP. (dans un sp. d'équipe). Libérer un partenaire marqué par un adversaire : 2. ... on feint de lancer la balle à un de ses équipiers, de façon à concentrer sur lui l'attention de l'adversaire, et, vivement, on sert à un autre qui est démarqué.
Montherlant, Les Olympiques,1924, p. 295. ♦ Emploi pronom. réfl. Se libérer du contrôle direct d'un ou de plusieurs joueurs adverses. Rem. Attesté ds Lar. encyclop.-Lar. Lang. fr. et Quillet 1965. c) Au fig., emploi pronom. réfl. Se démarquer (de qqc.).Prendre ses distances (par rapport à quelque chose). Byron (...) n'est pas Childe Harold. Il inventa ce personnage qui lui est inférieur pour se démarquer (Barrès, Cahiers,t. 6, 1908, p. 316). 2. Au fig. [L'obj. désigne un texte] Copier en apportant de légères modifications pour masquer l'emprunt : 3. Il y a des pages entières, des chapitres empruntés au Désespéré ou à la Femme pauvre et qu'il a démarqués en les trempant dans son ordure.
Bloy, Journal,1905, p. 271. B.− Emploi intrans., vx. [Le suj. désigne un cheval vieillissant] Ne plus présenter, en raison de l'usure, les marques (auparavant visibles dans la dentition) qui indiquent l'âge. Ce cheval démarquera bientôt (Ac.1835, 1878). Rem. On rencontre ds la docum. le subst. fém. déverbal démarque. a) Comm. Diminution d'un prix de vente. On fait une démarque (...) pour faire une promotion (A. Wellhoff, Lex. du comm. mod., Paris, éd. d'organisation, 1977, p. 121). b) Jeu. Partie où l'on démarque. Jouer à la démarque (Besch. 1845). Prononc. et Orth. : [demaʀke], (je) démarque [demaʀk]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. Verbe trans. 1. 1365 demerquier « ôter la marque d'un objet » (Reg. des argent., A. mun. Abbeville ds Gdf. Compl.), attest. isolée; 1553 démarquer « rayer, supprimer quelque chose ou quelqu'un » (Ronsard, Odes ds
Œuvres complètes, éd. P. Laumonier, t. 5, p. 215, 251) − ca 1662, Colletet ds Littré; 1611 « ôter la marque » (Cotgr.); 2. 1669 jeux (Widerhold, Nouv. dict. fr.-all. et all.-fr.); 3. 1864 « copier, plagier » (Goncourt, Journal, p. 40); 4. 1908 se démarquer « se distinguer [de] » (Barrès, loc. cit.); 5. 1930 comm. « baisser le prix d'un article en changeant la marque » (Lar. comm.); 6. 1924 sp. (supra ex. 2). B. Verbe intrans. 1680 « ne plus présenter dans la dentition les marques indiquant l'âge (d'un cheval) » (Rich.). Dér. de marquer*; préf. dé-*. Fréq. abs. littér. : 28. Bbg. Quem. 2es. t. 2 1971. − Schmidt (H.). Fr. vivant. Rech. lexicol. Praxis. 1969, t. 16, no3, p. 332. |