| DÉMANCHER, verbe. A.− Emploi trans. 1. Ôter le manche. Démancher une cognée, un couteau (Ac.). Il n'eut que le temps de sauter sur un balai, de le démancher d'un coup de pied (Pourrat, Gaspard,1925, p. 147). − Emploi pronom. passif. Se démancher.Un coup violent fera éclater la résine et se démancher la hache (Lowie, Anthropol. cult.,1936, p. 134). 2. P. anal., fam. a) Disloquer, désarticuler. Je lui ai démanché l'épaule droite (Claudel, Part. midi,1906, III, p. 1049): ... il se jeta, aussitôt après les formalités accomplies, sur la main de Christophe, qu'il secoua cinq ou six fois, comme s'il voulait la démancher, ...
Rolland, Jean-Christophe,La Révolte, 1907, p. 574. − Constr. pronom. indir. réfl. [L'obj. dir. désigne une partie du corps] Se désarticuler. Les femmes (...) bâillent à se démancher la mâchoire (Taine, Notes Paris,1867, p. 239).Désirée se démanchait le cou à tenter de regarder en l'air (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 137). − P. ext., fam. Se démener. Vous rendez inutile tout ce que je me démanche à faire pour vous (Romains dsLexis1975). b) Au fig. Déranger ce qui était bien organisé. Cela démanche l'affaire du prince Metternich; il sera à son tour obligé de suivre (Chateaubr., Corresp.,t. 4, 1789-1824, p. 252).J'ai été roulé, elle a démanché par son arrivée tout mon système (Huymans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 200). − Emploi pronom. passif. Se démancher.Se désorganiser. Voilà tout notre voyage qui se démanche (Mérimée, Lettres Ctesse de Montijo,t. 1, 1870, p. 266). B.− Emploi intrans., MUS. Déplacer la main gauche qui tient le manche en direction du corps d'un instrument (violon, alto, etc.) de manière à tirer de ses cordes des sons plus aigus. On peut jouer cet air sans démancher (Ac.). Prononc. et Orth. : [demɑ
̃
ʃe], (je) démanche [demɑ
̃:ʃ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) xiiies. desmangie « dont le manche est défait » (Ysopet de Lyon, 2800 ds T.-L.); 1549 desmancher « enlever le manche à » (Est.); b) ca 1306 desmanchié peut-être « disloqué » (G. Guiart, Royaux Lignages, éd. Wailly et Delisle, 18938); 1588 au fig. « disloqué » (Montaigne, Essais, III, IX, éd. A. Thibaudet, p. 1072); 2. 1768 mus. (Rousseau); 3. 1808 se démancher « se démener, se donner beaucoup de peine » (Hautel). Formé comme anton. de emmanché, v. emmancher; préf. dé-*. Fréq. abs. littér. : 25. Bbg. Quem. 2es. t. 2 1971. |