| DÉGEL, subst. masc. A.− Domaine physique 1. Fonte naturelle de la neige et de la glace par suite de l'élévation de la température; époque de l'année où ce phénomène se produit. Dégel brusque, subit; le dégel arrive, commence. Synon. partiel fonte (des neiges).La ruée causée par les dégels (Viollet-Le-Duc, Archit.,1872, p. 360).On était en février, le dégel était enfin venu, un dégel diluvien, après cette épouvantable gelée de l'hiver de 1917 (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 337): Toujours, n'importe le titre,
Sans même s'enrhumer au
Dégel, ce gai siffle-litre
Crie un premier numéro.
Mallarmé, Poésies,Le Crieur d'imprimés, 1898, p. 64. SYNT. Le dégel augmente, continue; un soir, un temps de dégel; dégel de printemps, de mars, de midi; eau, boue du dégel. ♦ Loc. Barrière de dégel. Voir barrière A 2 b. − P. métaph. Je m'épanouissais. Je me rappelle ce dégel de tout mon être sous ton regard, ces émotions jaillissantes, ces sources délivrées (Mauriac, Nœud vip.,1932, p. 46). − Arg. Mort. Chacun [sous le bombardement] plaisanta la mort : « ... − C'est le dégel! » (Esparbès, Folie épée,1927, p. 241). 2. P. méton. Eau provenant de la fonte de la neige et de la glace. Les pentes ruisselantes de dégel (Barrès, Colline insp.,1913, p. 321).Un pays détrempé par le dégel (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 190). − P. métaph. Synon. torrent.Le discours que Moronval prononça, vrai dégel de banalités inaffectueuses (A. Daudet, Jack,t. 1, 1876, p. 172). − Arg., vx. Diarrhée (d'apr. Dict. arg., 1847, p. 153). Rem. On rencontre ds la docum. le sens techn. « action de dégeler, de faire cesser la congélation ». Ses solutions [de l'enzyme] se désactivent si l'on procède à une série de gels et de dégels successifs (Privat de Garilhe, Acides nucl., 1963, p. 71). B.− Au fig. 1. Domaines de la vie pol., écon. et soc.[Correspond à dégeler II B] a) [En parlant des capitaux, de l'activité écon.; correspond à dégeler II B 1] Le président a plusieurs fois fait allusion au « dégel » possible des réserves d'or (Le Monde, 19 janv. 68 ds Gilb.1971).Aussi de la mer du Nord à l'Océan, des Pyrénées aux Alpes, le dégel des capitaux et des Techniques s'accélérait-il fiévreusement (Nouveaux Temps, 12 févr. 41). b) [En parlant des relations rompues (entre deux pays, deux partis); correspond à dégeler II B 2] La politique de dégel entre l'Est et l'Ouest (Le Monde, 25 juin 66 ds Gilb.1971).Le succès de la conférence fut immense et consacra le dégel dans les relations atomiques internationales (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 106). 2. PSYCHOL. ,,Période de désinhibition, de baisse des défenses inter-individuelles, après laquelle peuvent surgir la spontanéité et la participation authentique`` (Mucch. Sc. soc. 1969). Prononc. et Orth. : [deʒ
εl]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1328-42 desgiel (Renart le Contrefait, I, 296 a ds T.-L.); 2. 1834 fig. (E. de Guérin, Journal, p. 28 : Quelque plaisir, une lettre, une lecture, un sentiment qui me ranime, le dégel se fait et les eaux coulent). Déverbal de dégeler*. Fréq. abs. littér. : 129. |