| DÉCORTIQUER, verbe trans. A.− Priver de son écorce, de son enveloppe, de sa carapace. Décortiquer une graine, une tige; décortiquer un organe; machine à décortiquer. Décortiquer les écrevisses (...). Piler dans un mortier les carapaces (Gdes heures cuis. fr., A. Escoffier, 1935, p. 193).L'on met en culture des fragments de poumons dont la périphérie a été décortiquée pour éliminer la plèvre viscérale (J. Verne, Vie cellul.,1937, p. 65). − Spéc., PHYSIOL. Priver un animal de son cortex cérébral (cf. aveugler ex. 2). B.− Au fig. Analyser avec minutie, scruter : ... on lui soumettait des textes qu'il décortiquait, en se jouant. Il épluchait les fautes des copistes, écalait les interpolations, rétablissait le texte primitif, en un clin d'œil.
Huysmans, L'Oblat,t. 1, 1903, p. 63. − Emploi pronom. passif. Sous notre effort d'analyse, la vie se décortique (Teilhard de Ch., Phénom. hum.,1955, p. 150). Rem. On rencontre ds la docum. a) Le part. passé adj. décortiqué, ée. Dont on a retiré l'écorce, l'enveloppe. Cacao, riz décortiqué; amande décortiquée. b) Le subst. masc. décortiqueur. Machine à décortiquer. Le décortiqueur (...) est constitué par une raclette en fer, dentée à l'une de ses extrémités, recourbée à son extrémité travaillante (Brunet, Matér. vitic., 1909, p. 338). Prononc. et Orth. : [dekɔ
ʀtike], (je) décortique [dekɔ
ʀtik]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1826 « dépouiller une tige, une racine de son écorce » (Mozin-Biber); 1845 décortiqué adj. (Besch.); b) 1898 « enlever la carapace d'un crustacé » (Lorrain, Âmes automne, p. 142); 2. 1893 « analyser minutieusement (un mot) » (L. Daudet. L'Astre noir, p. 165); 1903 « id. (un texte) » supra ex. Empr. au lat. impérial decorticare au sens 1 a. Fréq. abs. littér. : 28. DÉR. Décorticage, subst. masc.Action de décortiquer. Décorticage du grain, des souches de vigne. Le décorticage, nettoyage et suçage des queues d'écrevisses fit regretter à Pierre les huîtres qui, après tout, avec un bon couteau et une main experte, se laissent ouvrir d'un coup (Morand, Homme pressé,1941, p. 101).− [dekɔ
ʀtika:ʒ]. Fait partie des mots en [-ka:ʒ] qui s'écrivent avec c : (dé)blocage, bocage, cage, décorticage, marécage, masticage, pacage, parcage, placage, saccage et trucage (qu'on peut trouver écrit truquage). À comparer avec (dé)marquage, (dé, re)piquage et remorquage. Pour cette liste, cf. Ortho-vert 1966, p. 185. D'apr. R. Thimonnier (Principes d'une réforme rationnelle de l'orth. (inédit), 1967, p. 20), seul placage fait exception à la règle selon laquelle on écrit par c uniquement les adj. dér. d'un verbe en -qu, ayant lui-même un simple en c. Ex. : blocage, parce que bloquer de bloc; il faudrait donc écrire plaquage car plaquer a le simple plaque. Il conviendrait aussi d'écrire, conformément à de nombreux dict. mais contrairement à Ac., trucage parce que truquer de truc et non truquage. − 1resattest. 1870 « action de dégager un grain de son enveloppe » (Lar. 19e), 1902 décortiquage « action d'enlever la carapace d'un crustacé » (Colette, Cl. ménage, p. 181); de décortiquer, suff. -age*. |