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DÉCOMPLÉTER, verbe trans.
Peu usité.
A.− [En parlant d'une série, d'une coll.] Rendre incomplet. Décompléter un ouvrage, une collection. Synon. dépareiller, désassortir.Les collections des particuliers décomplètent insensiblement les dépôts publics (Michelet, Journal,1837, p. 230):
1. Il [Tacarel] laisse tomber sa tasse qui se casse. letrinquier, se levant. Ah! sapristi! ... Mon Dieu, ce n'est pas la valeur de la chose en elle-même... mais cela décomplète la douzaine. E. Labiche, La Station Champbaudet,1862, II, 11, p. 296.
− Emploi pronom. (sens passif). J'ai une chemise à vous qui m'est restée par mégarde, et un f(aux)-col. Les ménagères n'aiment pas à voir leurs douzaines se décompléter. Je vous rapporterai tout (Balzac, Corresp.,1832, p. 154).
− Emploi adj. Le socialisme brouillé qu'il avait puisé çà et là dans un Fourier décomplété et dans des lambeaux de papiers déclamatoires (Goncourt, Manette Salomon,1867, p. 94).
Rem. On rencontre ds la docum. le néol. décomplétage, subst. masc. Résultat de l'action de décompléter. Nous sommes décomplétés comme un livre en deux volumes, dont le premier est perdu. Voilà ce que je pense être l'amour : le décomplétage et le dépareillement dans l'absence (Goncourt, Journal, 1859, p. 649).
B.− Au fig. Diminuer en valeur, amoindrir, dégrader, en privant d'un élément essentiel. L'homme n'est-il pas décomplété quand il ne peut plus penser et sentir que séparément et tour à tour? (Sand, Quest. art et litt.,1876, p. 198):
2. Le lieu où telle catastrophe s'est passée en devient un témoin terrible et inséparable; et l'absence de cette sorte de personnage muet décompléterait dans le drame les plus grandes scènes de l'histoire. Hugo, Préface de Cromwell,1827, p. 22.
− Emploi pronom. (sens passif). Il se faisait lentement en lui le travail sourd d'une existence qui se décomplète (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 389).
Prononc. et Orth. : [dekɔ ̃plete], (je) décomplète [dekɔ ̃plεt]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1779 (Linguet, Annales politiques, t. 7, p. 469 ds Gohin, p. 253). Dér. de compléter*; préf. dé-*. Fréq. abs. littér. : 11. Bbg. Gohin 1903, p. 253.