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DÉCLENCHER, DÉCLANCHER, verbe trans.
A.− Ouvrir une porte en faisant jouer la clenche. Le chauffeur [du train] déclenche d'un coup de pied la grosse porte du foyer (Giono, Poids du ciel,1938, p. 106).
− Emploi pronom. à sens passif. Les carreaux sont cassés, la porte se déclanche (Richepin, Chanson gueux, éd. revue et augm., 1881, p. 149).
B.− Manœuvrer la déclenche d'un mécanisme, en libérant la pièce qui le bloque. Déclencher automatiquement. Anton. enclencher.Ce n'était pas un fauve qui avait déclenché le piège (Genevoix, Raboliot,1925, p. 283).
− P. anal. :
1. Et les grands lièvres déclenchaient leurs jarrets, se déployaient de tout leur long, efflanqués, bondissant, crochetant, le cul soulevé, la terre des champs volant en poudre à leurs semelles... Genevoix, Raboliot,1925p. 242.
− P. ext. Mettre en branle, par l'intermédiaire d'un mécanisme simple, un phénomène plus important :
2. ... le grelot profus et criard qui arrosait, qui étourdissait au passage de son bruit ferrugineux, intarissable et glacé, toute personne de la maison qui le déclenchait en entrant « sans sonner » ... Proust, Du côté de chez Swann,1913, p. 14.
♦ Emploi pronom. Si la sonnerie se déclenche, je l'embrasse (Montherl., Pitié femmes,1936, p. 1153).
− Pop. Se déboîter, se démettre un membre. Se déclancher l'épaule (Delvau, 1883).
Rem. On rencontre ds la docum. le part. passé déclenché, ée en emploi adj. On est surpris du grand silence de tant de pièces déclenchées (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 222).
C.− Au fig.
1. Provoquer un phénomène, mettre en branle brusquement une réaction ou un mouvement. Déclencher une action, un conflit, une crise, des réactions. Un alpiniste tousse et il déclenche l'avalanche (Saint-Exupéry, Pilote guerre,1942, p. 342):
3. Ainsi, dans un organisme tel que le nôtre, un nombre considérable de mécanismes moteurs se montent dans la moelle et dans le bulbe, n'attendant qu'un signal pour libérer l'acte correspondant; la volonté s'emploie, dans certains cas, à monter le mécanisme lui-même, et, dans les autres, à choisir les mécanismes à déclancher, la manière de les combiner ensemble, le moment du déclanchement. Bergson, L'Évolution créatrice,1907, p. 253.
− Emploi pronom. Le commerce local avait été long à se déclencher (Barbusse, Feu,1916, p. 88).Une nouvelle offensive était à la veille de se déclancher (Foch, Mém., t. 2, 1929, p. 87).
Rem. On rencontre ds la docum. le part. prés. déclenchant, ante, en emploi adj. Rôle déclenchant, cause déclenchante. Une perception purement « déclenchante » (Ruyer, Conscience, 1937, p. 80). Un facteur déclenchant alimentaire (Quillet Méd. 1965, p. 145).
2. Région. (Normandie). Avouer, déclarer. Il fallut bien déclencher qui elle était, la fausse Eulalie (Barbey d'Aurevilly, Les Diaboliques,1874ds Rheims 1969; cf. Littré et Coulabin, Dict. loc. pop. Rennes 1891).
Prononc. et Orth. : [deklɑ ̃ ʃe], (je) déclenche [deklɑ ̃:ʃ]. Ds Ac. 1932. Forme déclancher ds Lar. 20e, Rob. Condamné par Littré, sur la base du rapp. à clenche. Déclencher semble continuer, en dépit des progrès de déclancher, à l'emporter d'autre part dans l'usage (dans une proportion supérieure à 10 contre 1 dans le corpus gamma). Étymol. et Hist. 1. 1625-55 norm. declanquer « ouvrir une porte en levant la clenche » d'où, au fig. « ouvrir la bouche, parler, débiter » (David Ferrand, Muse Normande, IV, 221, 23; 248, 14 ds Héron); 1732 déclencher (Trév.); 2. a) 1877 « mettre en route un mécanisme » (Littré Suppl.); b) 1899 au fig. (Clemenceau, Iniquité, p. 477). Dér. de clenche*; préf. dé-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 445 (déclancher : 48). Fréq. rel. littér. : xixes. : a) néant, b) néant; xxes. : a) 197, b) 1 773. Bbg. Gouvernement du Québec. Vocab. techn. des quilles. 1972, p. 18.