| DÉCIME, subst. masc. A.− Monnaie ancienne valant le dixième du franc. On voit qu'il n'est ici aucunement question de « francs », de « décimes », de « centimes » (Say, Écon. pol.,1832, p. 293).Comment payer? pas un liard! Je m'agenouillerais devant un décime, monsieur! (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 898).À deux décimes! (Céline, Mort à crédit,1936, p. 342). − Loc. [Souligne le peu de valeur de qqc.] Je ne donnerais pas un décime de notre peau, si nous ne prenons pas notre bisque (Balzac, Chouans,1829, p. 26). B.− FINANCES 1. Anc. Régime. Dixième partie des revenus ecclésiastiques, versée par le clergé au roi ou au pape et qui est exigée exceptionnellement ou fixée pour une période de plusieurs années. Levée du décime. Le pape a le décime, et l'évêque a la dîme (Hugo, Légende,t. 6, 1883, p. 108): On établit à la hâte une taille sur les communes et un décime sur le clergé. Comme on était pressé, ces impôts se percevaient avec une rigueur inconcevable, en y employant des gens de guerre.
Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 4, 1821-24, p. 47. Rem. Dep. le xixes., les historiens utilisent ce mot au masc., bien que les dict. gén. l'attestent au féminin. 2. Dep. la fin du XVIIIes. ,,Surtaxe d'un dixième qu'à différentes époques, par suite des difficultés budgétaires, le législateur a ajoutée au principal de certains impôts ou amendes`` (Lar. comm. 1930). Prononc. et Orth. : [desim]. Ds Ac. dep. 1694, s.v. décimes d'abord, puis décime, dep. 1740. Étymol. et Hist. A. [1. Début xives. « dîme versée au clergé » (Aimé de Mont Cassin, Hist. des Normands, éd. V. de Bartholomaeis, 3elivre, XV, p. 130)]; 2. 1511 « impôt [dixième des revenus d'une année] levé par le roi sur le clergé » (Lemaire de Belges, Schismes et Conciles, 2epart. − III, 296 − ds Hug. : Et là fut mise sus la decime de tous benefices et revenus de gens deglise, pour subvenir à ladite guerre. Et fut nommé ledit subside la disme Salhadin). B. 1611 « dixième partie » (Cotgr.); spéc. 1. 1795 « dixième partie du franc » (Loi du 18 germinal an III, Bullet. des lois, IV, 17 ds DG); 2. 1796 decime sur les spectacles d'apr. Bouillet 1859; 1799 decime de guerre (Loi du 6 prairial an VII ds Lar. 19e). A empr. au lat. decima (pars) [dér. de decem, v. dix]; class. « dixième partie, impôt d'un dixième »; médiév. sens 1 « dixième des revenus des produits agraires versés par les fidèles à l'Église » d'abord comme prestation volontaire, puis comme dîme obligatoire; sens 2, 1188 ds Du Cange t. 3, p. 25 b, s.v. decimae saladinae; v. aussi Théol. cath. t. 7, col. 1249. B empr; au lat. decimus « dixième ». Fréq. abs. littér. : 2. DÉR. Décimer, verbe intrans.,hist. féod. Prélever le dixième des ressources d'une paroisse. Le roi n'avait jamais eu le droit de décimer sur le clergé (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 2, 1821-24, p. 258).Rem. Les dict. gén. du xixes. et Lar. 19e-Lar. encyclop., Quillet 1965 attestent l'adj. décimable. ,,Sujet à la dîme. Champ décimable`` (Ac. 1798-1878).− 1reattest. xves. « taxer du dixième des biens », ici « pressurer » (Chron., I, 112, 10 ds Heilemann Chastellain 1937, p. 264 : la ville conquise sur les ennemis et toute décimée de biens); de décime, dés. -er. BBG. − Quem. 2es. t. 1 1970. |