| DÉCHIREMENT, subst. masc. Action de déchirer; résultat de cette action. A.− Le déchirement d'une étoffe, d'un voile, des voiles d'un bateau. − P. métaph. [P. réf. au bruit que fait une étoffe que l'on déchire] Le déchirement d'une batterie de mitrailleuses, des obus, du tonnerre. B.− 1. Grande souffrance physique. Les déchirements de la faim. L'idée d'une séparation immédiate lui causa un étrange déchirement d'entrailles (Zola, M. Férat,1868, p. 37). 2. Grande souffrance morale, affective. Déchirement affreux; déchirement des adieux. Cette séparation fut un des grands déchirements de sa vie (Goncourt, Lacerteux,1864, p. 28).Tarrou avait vécu dans le déchirement et la contradiction (Camus, Peste,1947, p. 1457): 1. Bienheureux ton déchirement qui te fait t'accoucher de toi-même : car aucune vérité ne se démontre et ne s'atteint dans l'évidence.
Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 636. SYNT. Déchirement cruel, intolérable, terrible; le déchirement de l'agonie; éprouver un mortel déchirement au (de) cœur; être en proie à un déchirement sans nom. − P. ext. Discorde, division. Les déchirements de la chrétienté; les déchirements politiques; un pays en plein déchirement : 2. Nous avons mille preuves que ces innovations ne s'établirent pas sans des dissensions et des déchirements. Tous les premiers schismes sont venus de la question du sabbat.
P. Leroux, De l'Humanité,t. 2, 1840, p. 781. Prononc. et Orth. : [deʃiʀmɑ
̃]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xiie-début xiiies. « anéantissement » (Moralia in Job, éd. W. Foerster, p. 303, 31), acception isolée; 2. fin xives. [ms.] « action de mettre en pièces » (ds M. Roques, Lex. fr. du Moy. Âge, t. 2, 221, 6441); 3. av. 1475 fig. « désordre » (G. Chastellain, éd. K. Heilemann, p. 293); 4. 1673 « peine morale, douleur » (Sévigné, éd. Monmerqué, lettre 330, t. III, p. 231). Dér. de déchirer*; suff. -ment2*. Fréq. abs. littér. : 488. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 523, b) 738; xxes. : a) 572, b) 889. Bbg. Gohin. 1903, p. 343. − Pinchon (J.). Questions de vocab. Fr. Monde. 1968, no60, p. 54. |