| DÉBOURRER, verbe trans. A.− Débarrasser de la bourre. 1. [Correspond à bourre A] TANNAGE. Gratter la bourre d'une peau d'animal. 2. [Correspond à bourre B] a) Techn. diverses − ARM. et MINES. Ôter la bourre d'un trou de mine ou d'un canon. Des pistolets d'arçon, de gros calibre (...). Il les débourra, renouvela la charge (Châteaubriant, Lourdines,1911, p. 268). ♦ Emploi intrans. Rater, faire long feu. Le danger [du grisou] est absolument certain dans le cas (...), où le coup de mine débourre ou, comme on dit vulgairement, fait canon (Chalon, Explosifs mod.,1911, p. 333). ♦ P. anal. Débourrer une pipe. Retirer le tabac qui reste dans le fourneau de la pipe. Il débourra posément sa pipe (Giono, Gd troupeau,1931, p. 118). Rem. On rencontre ds la docum. débourre-pipe, subst. masc. Instrument métallique qui sert à débourrer une pipe; p. ext., petite mèche semi-rigide utilisée pour nettoyer le tuyau d'une pipe. En réalité, je ne sculpte pas. Plutôt je cherche à dessiner dans l'espace avec le laiton neigeux des débourre-pipe (Cocteau, Crit. indir., 1932, p. 43). N'est pas attesté ds les dict. gén. du xixeet du xxes. Emploi argot. débourrer sa pipe (cf. infra B 1). − TECHNOL. Ôter la bourre qui gêne le bon fonctionnement d'une machine : 1. ... le conducteur descend de son siège [de la faucheuse] pour aller débourrer la lame de l'herbe ou de cailloux qui se sont logés entre les doigts et les sections.
T. Ballu, Machines agricoles,1933, p. 305. ♦ Emploi réfl. Les herses souples (...) se débourrant d'elles-mêmes des mousses qui tentent de s'accumuler le long de leurs dents (T. Ballu, Machines agricoles,1933p. 161). − TEXT. Nettoyer la bourre lors du cardage ou du dévidage. ♦ P. ext. [Elle] alla débourrer sa tignasse d'un coup de peigne devant la glace (Druon, Gdes familles,t. 1, 1948, p. 94). b) ÉQUIT. Donner le premier dressage à un cheval : 2. − Eh bien, il [l'homme] va monter le cheval doucement, très doucement et tous les yearlings qu'on est ainsi en train de « débourrer » font leur petite promenade...
Zitrone, Léon Zitrone vous emmène aux courses,1962, p. 224. c) Au fig., fam. Dégrossir, déniaiser quelqu'un. Je l'ai débourré, dégrossi tant bien que mal (Halévy, Mar. d'am.,1881, p. 116). 3. [Correspond à bourre C] ARBORIC., emploi intrans. Sortir de la bourre, éclore. Regarde : la feuillote du charme débourre (Genevoix, Marcheloup,1934, p. 61): 3. L'avril était là. Jeuselou se sentait comme le rossignol qui, lorsque la vigne débourre, chante toute la nuit en son jargon : « Tant que la vigne pousse, pousse, je ne dormirai plus, plus, plus! »
Pourrat, Gaspard des Montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 105. B.− Au fig., arg. 1. Arg. trivial. Débourrer sa pipe (et emploi abs. débourrer). Aller à la selle (cf. Carabelli, [Lang. pop.] et Bruant 1901, p. 105). 2. Arg. fam. [Avec un pron. réfl. indir. pour indiquer l'appartenance du compl. d'obj. désignant une partie du corps] Se débourrer le crâne. Oublier ses préoccupations. Pauvre de moi (...) en train de me bourrer et de me débourrer le crâne (Cendrars, Lotiss. ciel,1949, p. 222). Prononc. et Orth. : [debuʀe], (je) débourre [debu:ʀ]. Ds Ac. 1694 et 1718 s.v. desbourrer; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. A. 1. 1209 pronom., fig. « se nettoyer, se purifier » (Reclus de Molliens, Miserere, 154, 12 ds T.-L.); 2. 1611 intrans. « perdre ses manières incultes » (Cotgr.); 1680 trans. (Rich.); 3. 1754 man. (Encyclop. t. 4). B. 1. 1346 « débarrasser de sa bourre » (cité d'apr. Desmaze, Curiosités des anciennes justices, 166 ds R. Hist. litt. Fr., t. 9, p. 471); 2. 1845 débourrer une pipe (Besch.); 3. 1876, 12 avr. vitic. (Le Médocain ds Journ. des Débats, 2ep., 6ecol. ds Littré Suppl.). De bourrer*; préf. dé-*. Fréq. abs. littér. : 4. |