| DÉBLOQUER, verbe trans. A.− IMPR. Ôter d'une composition typographique les lettres bloquées pour les remplacer par celles qui conviennent (cf. Éd. 1913). Ne pouvant débloquer, il [le metteur en pages] ne peut donner la deuxième partie à composer, faute de caractères (Villiers de L'I.-A., Corresp.,1885, p. 103). B.− Dégager ou desserrer ce qui était arrêté ou immobilisé. 1. Desserrer, donner du jeu (à une pièce). ♦ Emploi pronom. On peut (...) resserrer les boulons tendant à se débloquer, mais avec douceur (Chapelain, Techn. automob.,1956, p. 326). − P. anal. Il débloqua ses dents pour mentir (H. Bazin, Huile sur feu,1954, p. 222). 2. P. ext. et au fig. a) Dégager ce qui était obstrué. Débloquer une voie de communication. − P. anal. : 1. ... il s'agit bientôt de savoir s'il faut opérer ou non ce malade pour débloquer ses voies biliaires; mais ce geste n'a d'intérêt qu'en cas d'obstruction biliaire et non pas d'hépatite, où il n'y a pas d'obstacle à lever.
Quillet Méd.1965, p. 149. b) Faire marcher, remettre en marche (un mécanisme). Je m'efforce, (...) de débloquer mon palonnier gelé (Saint-Exup., Pilote guerre,1942, p. 289). − Emploi abs. Le moteur ne peut être mis en route. (...). Pour débloquer, passer la marche arrière et pousser la voiture vers l'avant (Chapelain, Techn. automob.,1956p. 360). − Pop. Marcher bien. Ça débloquait au millimètre... D'abord extrêmement doucement... et puis un petit peu plus vite... (Céline, Mort à crédit,1936, p. 445). c) Au fig. Supprimer les obstacles qui empêchaient une évolution, un progrès : 2. Les investissements de lancement « débloquent » l'économie en rendant possible la circulation des idées, des capitaux, des hommes; en créant des institutions politiques, juridiques, sociales, économiques nécessaires au développement.
L'Univers écon. et soc.,1960, p. 3614. ♦ Emploi pronom. Pouvoir de nouveau évoluer après avoir été immobilisé. La situation politique paraît en voie de se débloquer (Le Monde,9 sept. 1969ds Gilb. 1971). − Spéc. Remettre en circulation ou en vente un produit; permettre la libre disposition de dégager (des crédits); libérer (les prix). Débloquer un compte en banque. Quant aux prix agricoles ils doivent être, eux aussi, débloqués (Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 537). d) CH. DE FER. Remettre à voie libre le signal interdisant l'entrée d'une section de voie munie du bloc, et précédemment mis à l'arrêt (cf. Bricka, Cours ch. de fer, t. 2, 1894, p. 179). C.− Dégager du blocus. Débloquer une ville, une frontière : 3. Que de sièges a subis Paris dans sa longue histoire! Celui-là ne ressemble à aucun autre par l'obstination des assiégés. Tantôt bloqué, tantôt débloqué, Paris, de plus ou moins près, fut investi pendant près de quatre ans.
Bainville, Histoire de France,t. 1, 1924, p. 189. D.− Argot 1. Faire sortir du bloc (cf. bloc2). « Colonel, c'est que je suis bloqué [consigné]. − Je vous débloque. » J. Arago (Larch.1861). 2. Pop. Débloquer qqc. ou débloquer que + inb.Raconter. Je sens qu'elle va débloquer partout que je me conduis comme un vampire (Céline, Mort à crédit,1936, p. 37). − Absol. Dire des choses stupides; divaguer. − Je suis le type parfait du pauvre petit intellectuel incapable de devenir jamais un créateur. − Ne débloque pas! dit Henri (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 132). Rem. On rencontre ds la docum. a) Déblocage, adj. Qui peut être débloqué (cf. emploi supra 2 c). La présence de provisions d'instruments d'échange déblocables de façon mal prévisible (Perroux, Écon. XXes., 1964, p. 534). b) Débloquement, subst. masc. Synon. déblocus. Le général se vante d'obtenir le débloquement de Paris dans quatorze jours (Goncourt, Journal, 1870, p. 659). Prononc. et Orth. : [deblɔke], (je) débloque [deblɔk]. Ds Ac. 1798-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin xvies. intrans. « se dégager d'un blocus » (J. Vaultier, Hist. des choses faites en ce royaume, Mon. inéd., p. 168 ds Gdf. Compl.); 1611 trans. art milit. « dégager du blocus » (Cotgr.); 2. a) 1754 typogr. (Encyclop. t. 4); b) 1900 « faire disparaître les signaux qui bloquent une voie ferrée » (Nouv. Lar. ill.); 1948 « lever l'interdiction de disposer d'un compte en banque » (Lar. 19e). 3. 1915 arg. milit. « dire des bêtises » (d'apr. Esn.); 4. 1969 au fig. se débloquer « redevenir susceptible d'évoluer » (Le Monde, loc. cit.). Dér. de bloquer*; préf. dé-*. Fréq. abs. littér. : 40. Bbg. Ac. Fr. Dict. de l'Ac. Banque Mots. 1973, no5, p. 99 (s.v. débloquement). |