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* Dans l'article "DÉBITER1,, verbe trans."
DÉBITER1, verbe trans.
A.− [Le compl. d'obj. désigne du bois] Découper en pièces prêtes à l'emploi. Des arbres furent choisis, abattus, ébranchés, débités en poutrelles, en madriers et en planches (Verne, Île myst.,1874, p. 274).
P. ext. [Le compl. d'obj. désigne d'autres matières] Découper. Planche à débiter la viande (A. France, Le Mannequin osier,1897, p. 156).On débite le pain en tranches minces au moyen d'une petite guillotine (Bloy, Journal,1899, p. 314).
B.− P. anal.
1. Vendre au détail d'une manière continue. Il débite des drogues pour toutes les maladies (A. France, Crainquebille,La Signora Chiara, 1904, p. 233).Un petit estaminet (...), une affreuse baraque de planches où l'on débitait du genièvre aux mineurs trop pauvres pour aller ailleurs, dans un vrai café (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1069).
Emploi pronom. passif :
1. « Nous ne nous vendrons jamais, nous autres, » disait Zola... Il y a douze ans de cela. Aujourd'hui ses romans se débitent à cent éditions... A. Daudet, Trente ans de Paris,1888, p. 322.
Loc. Il débite bien sa marchandise. ,,Il fait valoir ce qu'il dit par la manière dont il le dit`` (Ac.).
2. [Le compl. d'obj. désigne un texte, des paroles]
a) Dire, lire à haute voix en public. Débiter un discours (Ac.). Un jour, Bouvard prit Athalie, et débita le songe tellement bien, que Pécuchet voulut à son tour l'essayer (Flaub., Bouvard et Pécuchet,t. 2, 1880, p. 5):
2. Ma dernière lecture chez la princesse a atteint les suprêmes limites de l'enthousiasme (textuel). Une bonne partie de ce succès doit revenir à la manière dont j'ai lu. Je ne sais pas ce que j'avais ce jour-là, mais j'ai débité le dernier chapitre d'une façon qui m'en a ébloui moi-même. Flaub., Correspondance,1869, p. 25.
Emploi abs. Ce plaisir (...) d'être remué par un acteur qui débite bien et qui me fait croire pendant deux heures que j'assiste à une action, que je la vois enfin (Delécluze, Journal,1826, p. 325).
MUS. ,,Précipiter l'exécution d'un passage, de manière à y substituer l'accent de la parole à l'accent musical`` (Ac. 1932). ,,Récitatif débité`` (Ac. 1932).
P. ext. [Le suj. désigne un instrument de mus., un orchestre] Jouer d'une manière continue. Trois orchestres débitaient des valses, deux cents couples tournaient (Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 168).L'air qu'au rez-de-chaussée le piano mécanique débitait (F. Carco, Voix basse,1938, p. 189).
b) P. ext., péj.
Dire, réciter en public d'une manière monotone :
3. ... ce soir-là, la Trappe se montrait charmante. Après l'office, on dit le chapelet, non comme à Paris où l'on débite un pater, dix ave et un gloria et ainsi de suite; là, on égrenait, en latin, un pater, un ave, un gloria... Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 285.
4. ... tu débites imperturbablement ta leçon, et non sans cesse une espèce de hargne, de monotonie excédée... A. Arnoux, Visite à Mathusalem,1961, p. 159.
[Le compl. d'obj. désigne des propos qui ne sont pas dignes d'intérêt ou qui sont blâmables] Dire, raconter souvent, continuellement; p. ext., dire, raconter. Débiter des nouvelles (Ac.). Débiter des banalités, des fadaises, des mensonges, des sottises. Débiter des horreurs, sur un ton de première communiante à vous donner le bon Dieu sans confesse (Bernanos, Joie,1929, p. 620).L'hypocrisie des compliments adroits qu'on débite lorsqu'on a un peu d'expérience (Green, Journal,1945, p. 215).
Rare. [Le verbe est suivi d'une complétive] :
5. On a débité, depuis, qu'au moment où le cercueil descendait l'escalier de l'Hôtel Strogonof, on avait vu une poule blanche qui s'était jetée sur le lit funèbre, et que cette poule était l'âme du Comte. J. de Maistre, Correspondance,1811-14, p. 72.
Emploi pronom. passif. Vous ne sauriez imaginer les bêtises qui se débitent sur moi, les calomnies, les inculpations folles! (Balzac, Lettres Étr.,t. 1, 1850, p. 54).Le punch circula et les inepties commencèrent à se débiter (Huysmans, Marthe,1876, p. 105).
3. Produire d'une manière continue.
a) [Le compl. d'obj. désigne un fluide] La source débite peu d'eau, mais elle est extrêmement pure et toute parfumée de lavandain (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 333).
Emploi abs. Deux robinets considérables qui débitaient à merveille (Duhamel, Nuit St-Jean,1935, p. 98).
b) [Le compl. d'obj. désigne des produits manufacturés] La machine qui débite des billets de métro (Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 301):
6. Une firme débite un produit qui (...) présente une part élevée (...) du débit de tous les produits dans le territoire et des achats de services dans le territoire. Perroux, L'Écon. duxxes., 1964, p. 17.
Prononc. et Orth. : [debite], (je) débite [debit]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1330-32 « découper le bois en pièces » (G. de Digulleville, Pèlerinage vie hum., 9692 ds T.-L.); p. ext. 1556 « détailler une matière en vue de sa vente ou de son emploi » (Comptes des bâtiments du roi, éd. L. de Laborde, I, 893 ds IGLF : Faire débiter et cier les marbres); 2. 1464 « vendre au détail » (Stat. des chand. de Paris, Ord., XVI, 254 ds Gdf. Compl.); 1730 débitant « tenancier d'un débit de tabac » (J. Savary des Bruslons, Dict. universel de comm., Paris, t. 3, suppl.); 3. av. 1615 « exposer, raconter » (E. Pasquier, Les Recherches de la France, éd. de 1665, p. 861 ds IGLF); 4. 1838 « produire, fournir une certaine quantité de fluide par unité de temps » (Ac. Compl. 1842). Dér. de bitte*; préf. dé-*; dés. -er.
DÉR. 1.
Débitable, adj.[En parlant d'une matière] Qui peut être débité (supra A, p. ext.). Ardoise. − Schiste possédant la propriété d'être débitable en plaquettes minces (J. Cahen, Bruet, Carrières,1926, p. 266). [debitabl̥]. 1reattest. 1861 (C. r. Acad. des sciences, 1ersemestre, p. 236); de débiter1, suff. -able*.
2.
Débitage, subst. masc.Action de débiter du bois ou une autre matière. Il avait découvert cette coupe vierge (...) et avait confié l'entreprise de l'abatage et du débitage au père Bastien (G. Sand, Maîtres sonneurs,1853, p. 265).Pour le débitage des pierres dures, granits et marbres on emploie des lames d'acier sans dents (Champly, Nouv. encyclop. prat.,t. 4, 1927, p. 44). [debita:ʒ]. 1resattest. a) 1611 « vente au détail » (Cotgr.); b) 1794 « action de découper en pièces » (Abbé Grég. ds Lallement, Choix de rapp. XV, 339 d'apr. DG); de débiter1, suff. -age*.
BBG. − Ac. Fr. Dict. de l'Ac. Banque Mots. 1973, no5, p. 99 (s.v. débitage).Gottsch. Redens. 1930, p. 224, 256.