| CRÉTINISER, verbe trans. [Le compl. désigne une pers. ou un groupe de pers.] Rendre crétin, affliger de crétinisme*. A.− [Le suj. désigne une pers. ou un groupe de pers.] Ils te crétinisent raide à l'école, tu n'étais pas si bête! (Zola,
Œuvre,1886, p. 48).Quel vacarme politique! Voilà comme on crétinise les peuples (Zola, Corresp.,1902, p. 473).Ses parents [d'Alfred] l'avaient déjà si bien crétinisé (Aymé, Quatre vérités,1954, p. 69). − Emploi pronom. [Le suj. désigne une pers. ou un groupe de pers.] Devenir crétin, stupide : On rencontrait dans le Bureau Baudoyer des employés à front chauve, frileux (...). À l'aspect de ces étranges physionomies, il est difficile de décider si ces mammifères à plumes se crétinisent à ce métier, ou s'ils ne font pas ce métier parce qu'ils sont un peu crétins de naissance.
Balzac, Les Employés,1837, p. 119. Rem. On rencontre ds la docum. la forme passive crétinisé, vx, au sens de « stupéfait d'admiration ». C'est la plus belle créature de notre temps. − J'en suis crétinisé! (Vie parisienne, 1882 ds Fustier, Suppl. Dict. Delvau, 1883, p. 511). B.− [Le suj. désigne un inanimé concr. ou abstr.] Le poële endort, il hébète et contribue singulièrement à crétiniser les portiers et les employés [des bureaux] (Balzac, Melmoth,1835, p. 323).Aragon traite la littérature de machine à crétiniser (Paulhan, Fleurs Tarbes,1941, p. 17). Prononc. : [kʀetinize]. Étymol. et Hist. 1835 (Balzac, La Fille aux yeux d'or, p. 328). Dér. de crétin*; suff. -iser*, -isé. Fréq. abs. littér. : 4. DÉR. Crétinisation, subst. fém.,fam. Action de rendre crétin, fait de devenir crétin (cf. crétin B). Le catholicisme est une crétinisation de l'individu; toute éducation par les jésuites ou les frères de l'école chrétienne arrête et comprime toute vertu « summative », tandis que le protestantisme la développe (Goncourt, Journal,1870, p. 593).Crétinisation ne figure que ds qq. dict. mod. (cf. Lar. encyclop., Lar. Lang. fr.). − [kʀetinizasjɔ
̃]. − 1reattest. 1870 (Goncourt. loc. cit.); de crétiniser, suff. -(a)tion*. − Fréq. abs. littér. : 3. |