| CRÉNELER, verbe trans. A.− Faire des créneaux sur quelque chose, en général avec une intention de défense. On avait crénelé les murs du parc et attendu l'ennemi (Vialar, Pt jour,1947, p. 287). − P. métaph. Façonner en créneaux. Des entassements de rocs jetés pêle-mêle, qui crénèlent les hauteurs et bossellent les pentes (Taine, Notes Paris,1867, p. 251).Deux lignées de maisons crénelant de noir opaque le fond plus pâle de la nuit (Courteline, Train 8 h 47,1888, 2epart., III, p. 118). ♦ Emploi pronom. à sens passif. Les terrasses et les plates-formes se crénèlent dans la nue (Bertrand, Gaspard,1841, p. 53). B.− MÉTROL. Faire un cordon sur l'épaisseur de (une pièce de monnaie). Créneler une pièce de monnaie (Ac.1835-1932). C.− Emploi pronom. 1. TECH. MILIT. Former le créneau (cf. ce mot II B 1 c). Les préparatifs étaient terminés. On entendait les soldats se créneler et les capitaines donner des ordres (Hugo, Hist. crime,1877, p. 118). 2. Au fig. Se retrancher comme derrière des créneaux. Il s'était crénelé dans cette masure (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 353). Rem. Comme le précédent, cet emploi n'est pas attesté ds les dictionnaires. Prononc. et Orth. : [kʀenle] ou [kʀ
ε-], (je) crénelle [kʀenεl] ou [kʀ
ε-]. [e] fermé ds Fér. Crit. t. 1 1787, Land. 1834, Gattel 1841, Fél. 1851, Littré, Passy 1914 et Lar. Lang. fr. Cf. aussi ds Warn. 1968 pour le lang. soutenu; [ε] ouvert ds DG, Pt Lar. 1968 et Warn. 1968 pour le lang. cour. Ds Pt Rob. on admet les 2 prononc. Fait partie des mots dans lesquels, malgré la graph. é accent aigu, la prononc. par [ε] ouvert prévaut aujourd'hui (cf. crémerie). Conjug. : fait partie des verbes qui changent [ə] muet en [ε] ouvert et qui doublent la consonne devant syll. muette : je crénelle. Le verbe est attesté ds Ac. 1694 et 1718, s.v. creneler (cf. aussi ds Fér. 1768); ds Ac. 1740-1932 sous la forme mod. Étymol. et Hist. A. 1. 1160-74 adj. « garni de créneaux » mur quernelé (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, 2epart., p. 3322); 2. 1393 id. « bordé de crans » (Ménagier, II, 44 ds T.-L.). B. 1606 (Nicot). Dér. de l'anc. forme crenel de créneau*; suff. -é*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 13. Bbg. Gohin 1903, p. 377 (s.v. crénelure). |