| CORVÉABLE, adj. A.− DR. ANC. Assujetti à la corvée (cf. ce mot I A). La gent corvéable (DG). − Loc. Taillable et corvéable à merci (et miséricorde). Selon la volonté absolue du seigneur. Le peuple que nos plus anciens publicistes définissent : « peuple serf, corvéable et taillable à merci et miséricorde » (Chamfort, Caract. et anecd.,1794, p. 156).Nous étions la gent « corvéable, taillable et tuable » à volonté; nous ne sommes plus qu'« incarcérables » (Courier, Pamphlets pol.,Lettres au rédacteur du « Censeur », 1819-20, p. 11). − Emploi subst. Personne assujettie à la corvée. On commanda les corvéables (Ac.1835, 1878, Besch. 1845, Guérin 1892).Ces corvéables recevaient d'ordinaire un salaire, mais toujours arbitrairement fixé et bas (Tocqueville, Anc. Rég. et Révol.,1856, p. 218). ♦ P. métaph. Nous allons de la naissance à la mort, galériens de la vie et corvéables du destin! (Amiel, Journal,1866, p. 440). B.− Au fig., vieilli. [En parlant d'une pers.] Dont on abuse en lui faisant obligation de toutes sortes de corvées. − Emploi subst. Sa fille (...) qui (...) s'improvise commissionnaire et corvéable des académiciens et de leurs femmes (A. Daudet, Immortel,1888, p. 72). − Loc. fig. Être taillable et corvéable. Être bon pour toutes les corvées, destiné à être exploité (cf. faire toutes les corvées) : Il n'existe que trois êtres respectables : le prêtre, le guerrier, le poète (...). Les autres hommes sont taillables et corvéables, faits pour l'écurie, c'est-à-dire pour exercer ce qu'on appelle des professions.
Baudelaire, Mon Cœur mis à nu,1867, pp. 648-649. Prononc. et Orth. : [kɔ
ʀveabl̥]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1607 « sujet aux corvées » (Loisel, Instit., liv. VI, tit. 6 ds Gdf. Compl.). Empr. au lat. médiév. corveabilis de même sens 1426 ds Du Cange, s.v. corvatae, dér. de corvea (1265, ibid.), corvata, v. corvée. Fréq. abs. littér. : 18. Bbg. Lyer (St.). Part. prés. actif avec le sens passif. Archivum Romanicum. 1932, t. 16 p. 293. − Rog. 1965, p. 86. |