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* Dans l'article "CONTINU, UE,, adj. et subst. masc."
CONTINU, UE, adj. et subst. masc.
I.− Emploi adj.
A.− [En parlant d'une chose ayant un développement spatial] Qui n'est pas interrompu. Les matelas, alignés le long des murs et couverts de rideaux, formaient un divan continu (R. Martin du Gard, Devenir,1909, p. 55).Cette surface arable est continue, d'un seul tenant, permettant une exploitation uniforme (Vidal de La Blache, Principes de géogr. hum.,1921, p. 195):
1. ... ceint de toutes parts par des pics qui lui faisaient une ceinture continue et inviolable, un véritable paradis terrestre venait de m'apparaître... Benoit, L'Atlantide,1919, p. 123.
1. ARCHIT. Piédestal continu. ,,le soubassement d'une file de colonnes avec base et corniche`` (Ac. 1932).
2. MATH. Proportion continue. ,,Celle où le conséquent de la première raison est l'antécédent de la seconde`` (Ac. 1932). Fraction continue. ,,Fraction dont le dénominateur est composé d'un nombre entier et d'une autre fraction, qui a également pour dénominateur un entier et une fraction, et ainsi de suite`` (Ac. 1932). Fonction continue (d'une variable). ,,Fonction dont la variation est très petite, quand la variable varie très peu`` (Ac. 1932) :
2. Nous savons qu'il existe des fonctions continues dépourvues de dérivées. Rien de plus choquant pour l'intuition que cette proposition qui nous est imposée par la logique. Nos pères n'auraient pas manqué de dire : « Il est évident que toute fonction continue a une dérivée, puisque toute courbe a une tangente. » H. Poincaré, La Valeur de la sc.,1905, p. 17.
B.− [En parlant d'une chose ayant un développement temporel]
1. Qui dure sans interruption ou presque. Un gros poêle à feu continu brûlait toujours dans la salle à manger (G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Vue de la Terre promise, 1934, p. 182):
3. ... on peut observer que le travail devient plus continu à mesure qu'il se divise davantage. Les animaux, les sauvages travaillent de la manière la plus capricieuse, quand ils sont poussés par la nécessité de satisfaire quelque besoin immédiat. Durkheim, De la Division du travail soc.,1893, p. 389.
Rem. On rencontre ds la docum. un ex. de continu à. Le caractère des débuts de M. de Senancour, (...) cette pensée trop continue à celle du XVIIIesiècle (Sainte-Beuve, Portraits contemp., t. 1, 1846-69, p. 147).
Journée continue. Journée de travail qui n'est entrecoupée que d'une brève pose.
MUS. Basse continue. ,,Partie de l'accompagnement d'un morceau de musique qui est la plus basse et qui dure pendant tout le morceau`` (Ac. 1932). P. ext. Les exclamations de Raphaël, jusque là couvertes par la basse continue des ronflements, furent entendues soudain (Balzac, La Peau de chagrin,1831, p. 186).Le chant sépulcral (...) est chez Chateaubriand la basse continue de la musique voluptueuse (M.-J. Durry, Gérard de Nerval et le mythe,1956, p. 149).
PHONÉT. (Consonne) continue. ,,Consonne dont l'articulation, réalisée par un resserrement du passage offert à l'air expiré, peut être prolongée tant que le souffle y suffit : f, m, r...`` (Mar. Lex. 1933, p. 57).
P. méton. [En parlant d'un appareil, d'une machine] Qui fonctionne sans interruption. Les sacs de café qui voyagent sur les tapis-roulants et les monte-charge continus (Cendrars, Du monde entier au cœur du monde,Feuilles de route, À babord, 1924, p. 202).
Spéc. Qui dure sans interruption ou presque et dont les variations de qualité, d'intensité sont nulles ou imperceptibles. Une amitié égale, continue et qui n'a pas de hauts et de bas (E. et J. de Goncourt, Journal,1883, p. 297):
4. On peut concevoir d'ailleurs que l'intervention de la vie dans le cours des choses physiques ne soit pas brusque et violente, mais imperceptible et continue. E. Boutroux, De la Contingence des lois de la nature,1874, p. 97.
ÉLECTR. Courant* continu. ,,Courant électrique qui s'écoule toujours dans le même sens. `` (Uv.-Chapman 1956). Les piles et les accumulateurs produisent du courant continu (Uv.-Chapman 1956).
2. P. ext. Qui se répète à de brefs intervalles. Des névralgies qui lui coupaient en deux la face, frappaient à coups continus la tempe (Huysmans, À rebours,1884, p. 113).On entendait du bas des falaises monter les coups de bélier continus des vagues (Gracq, Le Rivage des Syrtes,1951, p. 162):
5. ... le matin venu, quand on a de l'esprit et les oreilles tout engourdies du continu tintement des grelots et du fracas éclatant des vitres... Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Humble drame, 1883, p. 400.
II.− Emploi subst. masc. (avec valeur de neutre). Ce qui n'est pas interrompu.
A.− [Dans l'espace] Cf. continuum :
6. L'idée d'espace vous est donnée comme celle d'un continu dans lequel vous pouvez bien opérer des divisions utiles et commodes, mais artificielles, sous lesquelles subsiste l'idée d'un espace sans aucune limite. Cousin, Cours d'hist. de la philos. mod.,t. 3, 1847, p. 108.
B.− [Dans le temps] Ce goût du monotone et du continu qui ne se satisfait en moi qu'à l'audition du plainchant (Barrès, Mes cahiers,t. 6, 1907-08, p. 169).
Rem. 1. La plupart des dict. gén. du xixes. et Lar. 20e-Lar. Lang. fr., Quillet 1965 enregistrent le subst. fém. dans la loc. vieillie à la continue « à la longue ». 2. On rencontre ds la docum. a) Continuisme, subst. masc. Fait d'accorder une grande importance à la continuité. Le debussysme eût encore comblé d'aise le maître des symbolistes par une autre raison : par sa volonté de bannir de l'art ce qu'ils appellent un continuisme d'école, par son « divisionnisme » systématique des harmonies et des timbres, par sa fragmentation mélodique et son morcellement des thèmes (Benda, La France byzantine, 1945, p. 284). b) Continuiste, adj. Qui accorde une grande importance à la continuité. Psychologie continuiste (Ricœur, Philos. de la volonté, 1949, p. 153). L. de Broglie reconnaît l'impossibilité actuelle de fonder une philosophie sur de nouvelles connaissances physiques, soit à la manière mécaniste de Descartes, soit à la manière continuiste de Leibniz (Journal de chim. et de phys., 1936, p. 317D).
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃tiny]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1306 « qui est sans discontinuité dans le temps ou l'espace » fièvre continue (G. Guiart, Royaux Lignages, II, 2773 ds T.-L.); b) 1690 mus. basse continue (Fur.); 2. 1370 « dont les parties se tiennent sans interruption » (Oresme, Eth., 44 ds Littré). Empr. au lat. continuus « sans interruption » dans le temps, en lat. class. (p. ex. en parlant de la fièvre), dans l'espace, en lat. impér.; pour basse-continue, v. basse1*. Fréq. abs. littér. : 2 435. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 983, b) 3 969; xxes. : a) 5 110, b) 3 467.
DÉR.
Continûment, adv.D'une manière continue. a) [Correspond à continu I A] Les branches des arbustes, coudres et osiers qui bordaient presque continûment la rivière, ne cédant la rive qu'aux grands épilobes ou lauriers de Saint-Antoine (Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 396).b) [Correspond à continu I B] Daudet, poussé à marcher continûment par d'épouvantables douleurs fulgurantes dans les pieds, va sans repos d'un bout à l'autre du salon (E. et J. de Goncourt, Journal,1886, p. 597).Spéc. Dans un monde où rien (...) n'indique une volonté précise, il est assez significatif de voir certains êtres s'élever ainsi graduellement et continûment, depuis le jour où nous avons ouvert les yeux (Maeterlinck, La Vie des abeilles,1901, p. 300).La question de savoir si l'histoire se fait par saccades ou continûment (J. Rivière, Correspondance[avec Alain-Fournier], 1908, p. 360). [kɔ ̃tinymɑ ̃]. Écrit continuement (selon la loi gén. des adv.) ds Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 1 1787 ainsi que ds Ac. 1694-1932. Cf. aussi Mauriac, Le Fleuve de feu, 1923, p. 122. En ce qui concerne l'orth., cf. circonflexe. 1resattest. 1302 continuement (Ord., XII, 354 ds Gdf. Compl.); 1694 continûment (Ac., s.v. continuement); de continu, suff. -ment2*. Fréq. abs. littér. : 109.
BBG. − Barb. Misc. 27 1944-52, pp. 234-235.