| CONTENTER, verbe trans. A.− Emploi trans. 1. Contenter qqn.Rendre quelqu'un content en lui procurant ce qu'il désire ou ce qui lui fait plaisir. Contenter ses parents, ses maîtres, sa clientèle; être facile à contenter. Synon. combler, satisfaire, réjouir; anton. mécontenter.Ce père, il est facile à contenter! Une piqûre de rose et cela lui suffit! (Claudel, L'Histoire de Tobie et de Sara,1940, III, 2, p. 1266): 1. Suis-je là où Notre-Seigneur me veut? Question que je me pose vingt fois le jour. Car le Maître que nous servons ne juge pas notre vie seulement − il la partage, il l'assume. Nous aurions beaucoup moins de peine à contenter un Dieu géomètre et moraliste.
Bernanos, Journal d'un curé de campagne,1936, p. 1097. − Loc. proverbiale. On ne peut contenter tout le monde et son père. Allusion littéraire à la fable de La Fontaine Le Meunier, son fils et l'âne. Ce personnage [le casuiste] habile aux compromis et prompt à contenter tout le monde et son père (J. Vuillemin, Essai sur la signif. de la mort,1949, p. 235). 2. P. ext. Contenter qqc. (un besoin, un instinct, un désir, un sentiment, une passion).Assouvir, apaiser en satisfaisant. Contenter son envie, sa curiosité, ses goûts, ses caprices. Synon. étancher, rassasier.Chacun exerçait librement ses vengeances ou contentait sa rapacité (Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 4, 1821-24, p. 182).Un défilé de plats interminable pour contenter les robustes appétits (Moselly, Terres lorraines,1907, p. 291): 2. La personne dont s'accommodait le mieux chez M. Danquin ma timidité, et dont la conversation contentait le plus parfaitement mon appétit de savoir et mon besoin de gaîté, était Mademoiselle Philippine Gobelin, bonne ménagère et grande liseuse, ...
A. France, La Vie en fleur,1922, p. 503. ♦ Rare. Contenter les yeux, l'oreille. Charmer, séduire. Cf. plaire à.Il [Phil] connaissait une naissante faim pour ce qui contente la main, l'oreille et les yeux (Colette, Le Blé en herbe,1923, p. 162). B.− Emploi pronom. 1. Se contenter de a) Se contenter d'une chose. Être satisfait d'une chose, limiter ses désirs à une chose, trouver qu'une chose suffit. Se contenter de son sort, de ce qu'on a, de peu. Synon. s'accommoder de, s'arranger de, avoir assez de.La police ne peut pas se contenter d'un « on-dit » (A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 134).On serait plus heureux si l'on savait se contenter du nécessaire (Lamennais, Lettres inédites... à la baronne Cottu,1836, p. 289).Ils étaient modestes en tout, ils se contentaient de peu (Ramuz, La Grande peur dans la montagne,1926, p. 227): 3. Gilbert ne rentrait plus déjeuner à la maison. Il se contentait ordinairement de quelques croissants et d'un verre de café, bu au comptoir d'un bar.
Arland, L'Ordre,1929, p. 379. Rem. Dupré 1972 signale qu'il ne faut pas dire se contenter de ce que + subj. pour se contenter que + subjonctif. b) Se contenter de + inf.Se limiter à, ne faire que : 4. On venait de me confier une assiette de petits fours : elle trouva le biais pratique.
− Ne t'empiffre pas ainsi, mon garçon! Je n'en avais pas mangé un seul, me contentant de les offrir aux invités.
H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 91. 2. Absol. Se faire plaisir en comblant ses propres désirs. Les vieux se contentant avec de l'eau-de-vie, les jeunes courtisant des filles (Loti, Pêcheur d'Islande,1886, p. 210). Prononc. et Orth. : [kɔ
̃tɑ
̃te], (je) contente [kɔ
̃tɑ
̃:t]. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. 1314 contemter « donner satisfaction » (Charte picarde ds R. Hist. litt. Fr., t. 8, p. 490); 1559 se contenter de qqc. (Amyot, Alc., 74 ds Littré). Dénominatif de content*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 3 693. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 569, b) 5 334; xxes. : a) 6 410, b) 5 096. DÉR. Contentable, adj.Que l'on peut contenter. L'indépendance d'un tel jugement, de la part surtout d'un esprit délicat s'il en fut et malaisément contentable, était pour charmer ma simplicité (Verlaine, Vingt-sept biographies de poètes et de littérateurs,Anatole France, 1896, p. 406).− 1reattest. 1896 id.; de contenter, suff. -able*. − Fréq. abs. littér. : 1. |