| CONSIDÉRATION, subst. fém. A.− Action d'examiner avec attention quelque chose ou quelqu'un : 1. L'imagination est une des plus belles facultés de l'homme : elle ennoblit toutes ses pensées, les élève, l'empêche de se traîner dans la considération de petites choses, de menus détails...
Lamarck, Philos. zool.,t. 2, 1809, p. 415. 1. Attention portée à quelque chose ou à quelqu'un : 2. Tu n'a pas le droit de t'arrêter à des considérations de naissance, qui ne sont plus rien dans la situation où nous sommes réduits.
Aymé, Clérambard,1950, I, 5, p. 32. ♦ Cela mérite considération. Mais il a l'air de savoir ce qu'il veut... Ça mérite considération (R. Martin du Gard, Un Taciturne,1932, I, 2, p. 1268). − Locutions ♦ Prendre en considération. Tenir compte de : 3. Pour bien suivre mon récit, je ne veux pas prendre en considération les quelques heures − que dis-je? − les innombrables heures infernales que j'ai consumées sur ce canapé.
G. Duhamel, Confession de minuit,1920, p. 49. ♦ En considération de; par considération pour. Compte tenu de; en raison de. Vous auriez pu (...) ne fût-ce que par considération pour mon âge, m'écrire (Proust, Le Côté de Guermantes 2,1921, p. 557): 4. ... il lui était vraiment bien facile, en considération du fait que je ne publie pas mon livre, d'aller dire à notre ami Paulhan de ne pas publier les lettres et de donner quelque chose d'autre à la place...
Du Bos, Journal,1928, p. 170. 2. P. méton. Fait constaté; élément d'appréciation ou de décision résultant d'un examen attentif : 5. Dans tout projet d'offensive basé sur une invasion immédiate de la Belgique, cette considération essentielle ne devait pas être perdue de vue...
Joffre, Mémoires,t. 1, 1931, p. 157. − P. ext., gén. au plur. a) Motif, raison. J'allais vous le proposer, dit le prêtre froidement. Je me rends compte des considérations de famille (A. Daudet, La Petite paroisse,1895, p. 291).Il cède facilement à des considérations d'hygiène et de santé (A. France, L'Orme du mail,1897, p. 140). b) Observations précises tirées d'un examen attentif des données et généralement formulées pour elles-mêmes avec ou sans la visée d'un exposé systématique : 6. Il résulte de ces considérations : que tout animal qui possède un système nerveux, n'est pas nécessairement muni d'un cerveau...
Lamarck, Philos. zool.,t. 2, 1809, p. 225. − Réflexions quelque peu aléatoires. ♦ Entrer dans des considérations. Il est évident que l'on ne saurait entrer dans les considérations qui vont suivre (Durkheim, De la Division du travail soc.,1893, préf. de la 1reéd., p. XLII). ♦ Se laisser aller à des considérations. Je me suis laissé aller à des considérations dont il ne faut retenir que ceci (Valéry, Variété V,1944, p. 283). B.− Estime, égards que l'on témoigne à quelqu'un après avoir pu apprécier sa valeur. Témoigner une grande considération à qqn; avoir de la considération pour qqn. On le traitait d'ailleurs avec la considération méritée par sa conduite exemplaire (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, L'Assassin, 1887, p. 591). ♦ Avoir de la considération. Être estimé. Onze enfants, c'est une belle famille et mes parents, à cause de cela, avaient bien de la considération, jusque dans les pays d'alentour (Frapié, La Maternelle,1904, p. 269). − Spéc. [Formule de politesse] J'ai l'honneur d'être, messieurs, avec toutes les considérations qui vous sont dues, « Votre très humble et très soumis admirateur, (...) » (P. Borel, Champavert,Passereau, l'écolier, 1833, p. 199).Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'assurance de ma haute considération (De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 646). Prononc. et Orth. : [kɔ
̃sideʀasjɔ
̃]. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xiie-début xiiies. « attention portée à quelque chose; examen attentif » (Job, 341, 10 ds T.-L.); 2. xives. « constatation motivant une décision » (Froissart, I, I, 311 ds Littré); 3. « importance, égard accordé à quelque chose après examen » 1310 considéreson (G. du Bus, Fauvel, éd. Långfors, I, 209); 1396 pour consideration de (document ds Gdf. Compl.); 1591 tenir (qqc.) en considération (ibid.); av. 1648 n'avoir aucune considération pour qqn (Voiture ds Rich. 1680). Empr. au lat. class. consideratio « examen attentif (par les yeux, par l'esprit) » puis « égard, estime (pour quelque chose, quelqu'un) ». Fréq. abs. littér. : 3 109. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 6 906, b) 2 976; xxes. : a) 2 699, b) 4 109. Bbg. Giraud (J.). Le « Boulevard des Riens ». Vie Lang. 1973, p. 94. − Gohin 1903, p. 334. − Quem. Fichier. − Rigaud (A.). Considérations distinguées. Vie Lang. 1968, pp. 775-777. |