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CONDÉ, subst. masc.
Argot
A.− Permission accordée par une autorité. Sur le quai [d'embarquement pour le bagne] peu de civils (...) sauf ceux qui ont le condé (A.-L. Dussort, Journal,1930, ms. dép. par G. Esnault, 1953, p. 4).
P. ext. Il a été bridé du côté de son baron qui y a refusé le condé de s'engager aux zouaves (Bruant1901, p. 187).
Spécialement
1. Autorisation accordée généralement par le maire, de donner des représentations, de tenir des jeux de hasard, de vendre, etc. sur la voie publique. Ne pourriez-vous pas demander des permissions de vendre sur la voie publique? − Ah! oui, des condés (Larch.Nouv. Suppl.1889, p. 68).
Rem. Attesté ds Lar. 19e-20e.
2. Mod. Autorisation tacite, accordée par la police, d'exercer une activité en marge de la légalité (recel, prostitution, maison de jeux etc.), en échange d'informations :
1. Tous les tauliers de clandé, tous les patrons de course par course, en quête d'un condé pour continuer à flinguer les éconocroques des caves allaient [essayer de renseigner la police] A. Le Breton, Du Rififi chez les hommes,1953, p. 79.
Rem. Attesté ds Lar. encyclop., Rob. Suppl. 1970.
B.− P. méton.
1. [Désigne une pers.]
a) Celui qui peut accorder une autorisation.
Condé ou petit condé. Maire. Demi-condé. Adjoint au maire. Grand-condé. Préfet, préfet de police.
Rem. Attesté ds Lar 19e-20e, Guérin 1892.
Policier (agent de la Sûreté, de la brigade des mœurs, inspecteur, commissaire de police). Depuis une demi-heure qu'ils s'accrochaient au comptoir, les condés, on pouvait se demander pour qui ils étaient là (A. Simonin, Touchez pas au grisbi,1953, p. 16).
Rem. Attesté ds Rob. Suppl. 1970.
b) Celui qui a obtenu une permission :
2. ... une pègre composée d'indicateurs et de condés, c'est-à-dire de repris ou de remis de justice et d'interdits de séjour que la police a entièrement dans sa main. L. Daudet, La Police politique,1934, p. 119.
2. [Désigne la condition ou le moyen utilisé pour obtenir le résultat]
a) Pouvoir. [La fée :] les fées ont tous les condés; et, levant sa bavagavette elle vêtit Cendrillon comme une reine (L. Stollé, Contes,Cendrillon, 1947, p. 1).
b) Moyen habile (légal ou non) d'obtenir de l'argent, d'atteindre un but. Il avait un condé pour se faire des sous (Céline, Mort à crédit,1936, p. 122):
3. Sur le quai des marchandises, il avait levé une vraie aubaine... un condé phénoménal! ... Un débarquement d'épicerie! ... Il nous rentrait avec du beurre! ... une motte entière! ... Deux chapelets de saucisses complets! ... Céline, Mort à crédit,1936p. 624.
P. ext. Travail :
4. Les « marquisettes », les grands métrages, toutes les modes d'une saison jolie je les ai transportées sept étages. Un condé vraiment salement tarte. Céline, Mort à crédit,1936p. 164.
3. [Désigne le résultat] Renseignement :
5. Je me renseignais un petit peu auprès des autres potes, les autres pilonneurs de l'endroit, toujours pleins de rencards et de faux condés... Céline, Mort à crédit,1936p. 358.
Rem. Attesté ds Rob. Suppl. 1970.
Prononc. : [kɔ ̃de]. Étymol. et Hist. 1. a) 1822 « permis » (Suppl. au dict. arg., Mézières ds Esn.); cf. 1841 avoir le condé de faire qqc. (P. Joigneaux, Les Prisons de Paris, p. 162); b) 1929 « renseignement » (ds Chautard Vie, p. 412); 2. a) 1833 Grand Condé « inspecteur général des prisons » (Moreau-Christophe, « Argot » du Dict. de la conversation, p. 61); b) 1844 « maire » (F. Vidocq, Les Vrais mystères de Paris, t. 7, p. 6 : le condé de Nanterre [en 1836, un demi-condé l'adjoint au maire, F. Vidocq, Les Vrais mystères de Paris, t. 1, p. 86]); c) 1844 « commissaire de police » (Dict. complet de l'arg. employé dans « Les Mystères de Paris », p. 14); 1906 « policier » (Inscription murale à Reims ds Esn. : Mort aux condés). Orig. obsc.; peut-être issu de condé, terme usité aux xviie-xviiies. sur les côtes occidentales de l'Afrique, et attesté dans les récits de voyages (1637, A. de St Lo, Relat. voy. Cap-Verd, p. 136; 1732, Barbot, A descrip. of coasts of Guinea, trad. fr., p. 43 ds Mél. Wartburg, 1958, p. 216) aux sens de « lieutenant général du roi » et de « vice-roi et général en chef des forces du roi », empr. au port. conde « comte, gouverneur » (du lat. comitem, v. comte); dans cette hyp., le mot véhiculé en France à la faveur des transactions entre Européens et Africains, et isolé de son contexte d'orig., aurait subi une évolution de sens, venant à désigner un maire, un policier (2), d'où « permission [accordée par la police] » et « renseignement [demandé en contrepartie] » (1). Fréq. abs. littér. : 23. Bbg. Flutre (L. F.). De qq. termes usités aux 17eet 18es. Mél. Wartburg (W. von). 1958, p. 216. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 107. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 254. − Sain. Lang. par. 1920, p. 247.