| COLLECTIVITÉ, subst. fém. A.− Vx, au sing. Caractère collectif de quelque chose. 1. Caractère de ce qui constitue un ensemble indissociable : 1. Seule, l'Assemblée nationale, prise dans la collectivité et l'indivisibilité de ses votes, est révolutionnaire...
Proudhon, La Révolution soc. démontrée par le coup d'État du 2 déc.,1852, p. 237. 2. Mise en commun; appropriation commune : 2. Il y a des sociétés qui vivent sans être en communauté et dans lesquelles vous avez (...) la collectivité de la terre.
Journal Officiel,8 mars 1872, p. 1646, 1recol. ds Littré. − P. méton., HIST. SOC., vx. Doctrine prônant l'appropriation collective des moyens de production et des biens de consommation non immédiate. Synon. collectivisme*.La collectivité ou le mutuélisme (sic) peuvent constituer des doctrines erronées (A.-J. Dalsème, Les Mystères de l'Internationale,Paris, E. Dentu, 1871, p. 8 ds Dub. Pol. 1962, p. 260). B.− Ensemble, généralement assez dense, d'individus groupés naturellement ou rassemblés pour une certaine durée par des sentiments, des intérêts, des droits ou des devoirs communs perçus comme distincts de ceux des individus qui le composent et tendant à s'exprimer dans une organisation commune. Collectivité humaine, nationale; vie en collectivité; membre d'une collectivité. Anton. individu, personne, particulier : 3. − Le Nationalisme, qu'est-ce que cela?
− Mais, si vous voulez que l'individu se subordonne à une collectivité, comment pouvez-vous la concevoir, sinon le groupe, la Patrie?
− Mais qu'ai-je besoin d'une collectivité? Il y a l'idée, la justice.
− Une abstraction? Il faut y mettre quelque chose dans cette abstraction.
Barrès, Mes cahiers,t. 1, 1897-98, p. 174. 4. ... le fait que la plupart des hommes appartiennent à la fois à deux collectivités tout au moins, dont l'une est d'origine nationale et l'autre d'origine économique, est la cause qui jette tant de trouble et de complexité dans les rapports sociaux à presque toutes les périodes de l'humanité.
Gaultier, Le Bovarysme,1902, p. 117. 5. ... l'existence d'un groupement de population dense, d'une cohabitation nombreuse d'êtres humains dans un minimum d'espace, garantissant à la collectivité des moyens assurés de vivre, est (...) une conquête qui n'a pu être réalisée qu'à la faveur de rares et précieuses circonstances.
Vidal de La Blache, Principes de géogr. hum.,1921, p. 10. − En partic., DR. ADMIN. Ensemble organisé d'individus ainsi rassemblés et constituant une personne morale portant parfois un nom collectif. Collectivité publique, privée. La Bibliothèque nationale à Paris, à dater du 1erjanvier 1952, a cessé de traiter comme des ouvrages anonymes les publications œuvres de collectivités (Afnor, Norme fr.,Docum. NF Z 44-060, Paris, oct. 1955, p. 3). ♦ Collectivité locale. Ensemble organisé de la population coïncidant avec une subdivision du territoire (département, commune, etc.), jouissant de la personnalité morale et ayant le pouvoir de s'administrer par un conseil élu; p. méton. personne morale représentée par les élus de chacune de ces subdivisions territoriales : 6. Comme le développement est fait d'interactions réciproques entre les initiatives des particuliers, celles des collectivités locales, celles des groupes sociaux en voie de s'organiser et celles des pouvoirs publics...
Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 261. 7. Les collectivités locales et départementales étaient autorisées, pour équilibrer leur propre budget, à majorer le « principal » revenant à l'État.
J. Fonteneau, Le Conseil municipal,1965, p. 69. Prononc. et Orth. : [kɔ(l)lεktivite]. Pour [l] ou [ll] cf. collecte. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1836 d'apr. Mat. Louis-Philippe, p. 41; 1849 « ensemble d'individus groupés dans un but commun » (Th. Gautier, Caprices et zigzags, p. 240, ibid., note 11); 2. 1852 « caractère de ce qui est collectif » (Proudhon, La Révolution sociale démontrée par le coup d'État du 2 décembre, p. 237); 3. 1871 « état social où la propriété en commun est substituée à la propriété individuelle » (A.-J. Dalsème, Les Mystères de l'Intern., 8 ds Dub. Pcl., p. 260). Dér. de collectif*; suff. -ité*. Fréq. abs. littér. : 212. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) néant, b) 15; xxes. : a) 424, b) 638. Bbg. Dub. Dér. 1962, p. 34; Pol. 1962, p. 163, 165, 168, 169, 182. − Mat. Louis-Philippe. 1951, p. 41. |