| CITRON, subst. masc. A.− Fruit du citronnier, de forme ovoïde, de couleur jaune, de saveur acide. Parfumer son thé au citron; écorce, zeste, rondelle de citron; citron pressé : 1. Là-bas, où d'or fin sont les sables
Et d'azur rythmique les mers,
Où pendent les citrons amers
Dans les bosquets impérissables,...
Moréas, Les Syrtes,Remembrances, 1884, p. 10. ♦ En appos. (avec valeur d'adj.). Couleur jaune citron. Une culotte jaune citron (Huysmans, L'Art mod.,1883, p. 217).M. Alphonse Sirop le [M. Blanc] surnommait le Péril Jaune à cause de son beau teint citron (Hamp, Vin de Champagne,1909, p. 201). − Loc. pop. 1. [En parlant d'une pers. qui souffre du foie] Être jaune comme un citron. Avoir le visage jaune. Et ton père jaune comme un citron avec son foie, ses reins, je ne sais quoi! (Bernanos, La Joie,1929, p. 614). 2. Presser le citron, presser quelqu'un comme un citron. Exploiter une personne pour en tirer tout le profit possible. Il s'agit pour lui [l'inspecteur] d'employer, c'est-à-dire d'exploiter quiconque, de presser le citron (H. Bazin, La Mort du petit cheval,1949, p. 120).Si jamais je les tiens, ceux-là, se dit-il [Goupil] en sortant, je les presserai comme des citrons (Balzac, Ursule Miroüet,1841, p. 173). − Spéc. Bois de citron. ,,Sous le nom de bois de citron, bois de jasmin, ou bois de coco, on désigne plusieurs bois exotiques, qui n'ont de caractère commun que d'être jaunes, et dont les arbres ne sont nullement des citronniers, encore moins des jasmins ou des cocotiers. Les bois de citron viennent surtout des Antilles`` (Havard t. 1 1887). Il [Sir Walter Scott] était occupé à écrire sur un petit pupitre anglais de bois de citron (Vigny, Le Journal d'un poète,1826, p. 884). B.− Argot 1. Tête. Ça l'amusait cependant d'y repenser, (...) on dirait qu'on a un cinéma dans le citron (Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 404). ♦ Se presser le citron. Faire des efforts désespérés pour essayer de réfléchir ou comprendre, se torturer l'esprit. 2. ART MILIT. Grenade : 2. Les cartouches d'abord, t'en trouves tant que tu veux « là-haut » ... Et pis les grenades : les O.F. et les « citrons »...
P. Vialar, La Mort est un commencement,Les Morts vivants, 1947, p. 13. Rem. La plupart des dict. enregistrent a) Le verbe trans. citronner, art culin. Arroser de jus de citron. Citronner une tisane; citronner un poisson (Les Lar.). b) Le part. passé adj. citronné, ée ,,Qui sent le citron, où l'on a mis du jus de citron`` (Ac.). Tisane citronnée (ibid.). Bonbons citronnés. Tu auras une petite truite saumonnée, non citronnée (E. et J. de Goncourt, Journal, 1858, p. 550). P. métaph. C'était une aube admirable, à peine un peu citronnée de froid (Giono, Chroniques, Noé, 1947, p. 161). Prononc. et Orth. : [sitʀ
ɔ
̃]. Enq. : /sitʀõ/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. xiiies. [date ms.] « fruit du citronnier » (Livre des simples medecines, éd. P. Dorveaux, p. 23); 1680 (Rich. : Citron. Couleur de citron); 1790 en parlant du teint (Mme de Staël, Lettres de jeunesse, p. 403); 1795 jaune comme un citron (Mme de Genlis, Les Chevaliers du cygne, p. 95); 2. 1878 arg. (L. Rigaud, Dict. du jargon parisien, p. 89 : Citron. Tête [arg. des voleurs]). Empr. soit au b. lat. citrum (désignant en lat. class. le bois de thuia) « fruit du cédratier », soit au lat. médiév. citrus, v. citre. La forme citron, soit par adaptation de citrum (attesté au vies. sous la forme citron ds TLL s.v., 1207, 77), cf. psalterion, soit par croisement avec limon*. Fréq. abs. littér. : 307. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 269, b) 404; xxes. : a) 593, b) 502. Bbg. Goug. Mots. t. 1 1962, p. 100. − Sain. Lang. par. 1920, p. 374. |