| CANTILÈNE, subst. fém. A.− Vieilli. Chant parfois opposé comme chant profane au motet, chant religieux. Cette cantilène liturgique du Moyen-Âge se présente à nous sous une foule d'aspects différents (V. d'Indy, Cours de compos. musicale, t. 1, 1897-1900, p. 66): 1. La Cantilène accompagnée [qu'on improvise à l'orgue] est assez semblable au Choral orné. Elle est basée habituellement sur une pièce à vocalises, Graduel ou Alleluia. La mélodie médiévale est employée d'un bout à l'autre et entièrement respectée dans sa forme mélodique et rythmique ainsi que dans ses césures.
M. Dupré, Traité d'improvisation à l'orgue,1925, p. 135. − LITT. MÉDIÉV. Poème lyrico-épique, de forme relativement brève, destiné à la psalmodie publique. La cantilène de Sainte-Eulalie; cantilène guerrière, historique, religieuse. B.− Poème de forme brève, d'inspiration lyrique et aux harmonies douces : 2. « Ô pluies! Lavez au cœur de l'homme les plus beaux dits de l'homme : les plus belles sentences, les plus belles séquences; les phrases les mieux faites, les pages les mieux nées. Lavez, lavez, au cœur des hommes, leur goût de cantilènes, d'élégies; leur goût de vilanelles et de rondeaux; leurs grands bonheurs d'expression; ... »
Saint-John Perse, Exil,Pluies, 1942, p. 256. − P. ext. Romance simple et monotone, du ton de la complainte : 3. Cet orphelin ne pleurait pas; il chantait une complainte, sans doute quelque cantilène rituelle.
Barrès, Une Enquête aux pays du Levant,t. 2, 1923, p. 47. − P. méton. Mélodie apparentée à celle de la cantilène : 4. Les notes mêmes sur lesquelles s'élève avec une douceur grandissante la voix du vieux roi d'Allemonde [dans Pelléas] (...) étaient celles qui servaient au marchand d'escargots pour reprendre, en une cantilène indéfinie : « On les vend six sous la douzaine... »
Proust, La Prisonnière,1922, p. 118. Rem. On rencontre ds la docum. le verbe trans. cantiléner. Chanter doucement et de manière continue un air monotone. [Les deux Bohémiennes], d'une voix susurrante (...) se mettaient à cantiléner d'interminables complaintes de marche (J. Richepin, Truandailles, 1891, p. 23). Prononc. et Orth. : [kɑ
̃tilεn]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. 1. Apr. 1477 « chant profane lyrique ou épique (p. oppos. au motet chant sacré) » (Molinet, Faictz et Dictz, éd. N. Dupire, t. 1, p. 89); 2. 1817 « chanson, romance » contexte ital. (de Rossini) (Stendhal, Rome, Naples et Florence, t. 1, p. 80). Empr. au lat. class. cantilena « petit chant, refrain, air rebattu » et « chant, chanson », peut-être avec infl. de l'ital. cantilena (Hope, p. 173) attesté ds Batt. au sens de « chant, psalmodie » dep. le xives. (Dante), au sens de « mélodie, mélodie monotone » dep. le xves. (Marsilio Ficino). Fréq. abs. littér. : 60. Bbg. Hope 1971, p. 173. − Sar. 1920, p. 15. − Wind 1928, p. 118, 119, 195. |