| CALVAIRE, subst. masc. A.− Colline où Jésus-Christ fut crucifié. Synon. Golgotha.Les filles de Jérusalem pleurèrent sur lui; les saintes femmes l'accompagnèrent au Calvaire (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 4, 1848, p. 389). SYNT. Le chemin, la montée, le sacrifice, les stations du Calvaire. ♦ P. métaph. Gravir, être au bout de son calvaire. Le long des calvaires de la conscience, / La passion des mondes studieux t'encense (Laforgue, Les Complaintes,Préludes autobiographiques, 1885, p. 63). − Au fig. Épreuve, souffrance. Le calvaire des tranchées : 1. − « Va, pauvre Jacques Bonhomme, se remit à ânonner Jean de sa voix d'écolier, donne ta sueur, donne ton sang, tu n'es pas au bout de tes peines... » Le calvaire du paysan, en effet, se déroulait. Il avait souffert de tout, des hommes, des éléments et de lui-même. Sous la féodalité, lorsque les nobles allaient à la proie, il était chassé, traqué, emporté dans le butin. Chaque guerre privée de seigneur à seigneur le ruinait, quand elle ne l'assassinait pas : on brûlait sa chaumière, on rasait son champ.
Zola, La Terre,1887, p. 79. B.− Colline sur laquelle on a planté une croix et où on se rend en pèlerinage en s'arrêtant aux quatorze stations qui rappellent les principaux épisodes de la passion de Jésus-Christ : 2. Nous sommes allés voir, avant de quitter Jativa, ses deux Calvaires. C'est, en Espagne, un sentier qui s'élève au flanc d'une colline en passant devant une suite de chapelles qui figurent les stations douloureuses de Jésus. Tout en haut se dressent la croix du Seigneur et celle des larrons. Dans un terrain nu, comme à Ségovie, ces calvaires ont une grandeur poignante qu'il est difficile d'évoquer.
T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1933, p. 59. − Vieilli. Synon. de chemin* de croix. C.− ARCHIT., PEINT., SCULPT. 1. Représentation plastique de la Crucifixion et parfois d'autres scènes de la passion de la vie de Jésus : 3. À Plougastel cependant il s'arrêta comme nous, pour que nous puissions voir le calvaire, petit monument de granit, carré, dont chaque face représente un tableau de la vie de Jésus-Christ, ...
Flaubert, Par les champs et par les grèves,1848, p. 332. 2. Croix dressée sur une plate-forme ou à un carrefour : 4. Je m'en allais par des sentiers humides, bordés, suivant le vieil usage, de hauts talus en terre qui muraient tristement la vue. L'herbe rase, les mousses mouillées, les branches nues sentaient l'hiver. À tous les coins de ces chemins, de vieux calvaires étendaient leurs bras gris; ils portaient des sculptures naïves, retouchées bizarrement par les siècles : les instruments de la passion, ou bien des images grimaçantes du Christ.
Loti, Mon frère Yves,1883, p. 91. Prononc. et Orth. : [kalvε:ʀ]. Ds Ac. 1762-1932. ,,Calvaire, quand il désigne le lieu où Jésus fut crucifié, prend un grand C, mais un petit c quand il est employé figurément comme un lieu de douleur`` (Littré). Étymol. et Hist. [1130-60 nom propre « nom du mont que gravit le Christ en portant sa croix et où il fut crucifié » Mont Escalvaire (Couronnement Louis, 761 ds T.-L.); 1762 (Ac. : Aller au Calvaire, monter au Calvaire)] 1. a) 1704 (Trév. : Calvaire : [...] c'est une chapelle élevée sur un tertre, en mémoire du lieu où Jésus-Christ fut crucifié, proche de Jérusalem); 1762 (Ac. : Calvaire ... Petite élévation où l'on a planté une croix); b) av. 1778 peint. « représentation de la scène du calvaire » (Volt., Sur un portrait de lui [où il était représenté entre la Baumelle et Fréron] ds Rob.); 2. 1838 « épreuves » (T. Gautier, La Comédie de la mort, p. 25). Empr. au lat. chrét. calvaria (signifiant « crâne » dep. Celse, 7, 7, 15, p. 281; cf. calvaire au même sens av. 1546, Tagault, Inst. chir., p. 717, éd. de 1549 ds Hug.), nom du lieu où fut crucifié le Christ au nord de Jérusalem (Vulg., Math., ch. 27), qui traduit le gr. κ
ρ
α
ν
ι
́
ο
ν « crâne » lui-même trad. de l'araméen gulgoltâ « crâne » et aussi « sommet, citadelle » (transcrit par le gr. Γ
ο
λ
γ
ο
θ
α
̃), nom donné à cette colline en raison de sa forme (Bible; Archéol. chrét.). Fréq. abs. littér. : 452. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 483, b) 674; xxes. : a) 1 060, b) 510. Bbg. Rog. 1965, p. 115. |